La direction de France Inter a décidé de faire le grand ménage dans sa grille horaire de la rentrée, congédiant dans le processus deux humoristes controversés qui se disent victimes des pressions politiques exercées sur la station.

Stéphane Guillon, trublion des ondes dont les jours étaient clairement comptés à la radio d'État, a vu son renvoi confirmé mercredi par le président-directeur général de Radio France, Jean-Luc Hees, dans une entrevue au quotidien Le Monde.

«J'ai eu de nombreuses discussions avec Stéphane Guillon à propos de ses chroniques. Si l'humour se résume à l'insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais également pour moi», a noté M. Hees.

L'administrateur a ajouté qu'il n'avait aucune intention de se laisser insulter en ondes par l'un de ses employés «contrairement à Raymond Domenech», l'entraîneur sortant de l'équipe de France.

«J'ai un certain sens de l'honneur et je ne peux accepter que l'on me crache dessus en direct», a expliqué M. Hees, qui avait présenté des excuses au nom de France Inter au printemps après une chronique cinglante de M.Guillon contre le ministre de l'Immigration, Éric Besson.

Les deux hommes étaient à couteaux tirés depuis ce temps, l'humoriste multipliant les provocations à l'antenne, tant envers ses patrons que la classe politique.

Lors de sa dernière présence en ondes mercredi, Stéphane Guillon a accusé France Inter «d'être une radio de gauche qui licencie comme la pire entreprise de droite».

Il a tiré une autre salve contre le président français Nicolas Sarkozy, qui dispose, a-t-il rappelé, du pouvoir de nommer le PDG de Radio-France. «Que je sois ou pas sur cette antenne, le président dévisse (dans les sondages)», a-t-il noté.

France Inter a aussi licencié l'humoriste Didier Porte, qui avait reçu un avertissement formel la semaine dernière à la suite d'une chronique dans laquelle il invitait l'ex-premier ministre Dominique de Villepin à insulter le chef d'État français.

Il s'est lui aussi présenté comme la victime d'une purge politique, arguant notamment que le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, avait récemment écrit à la radio pour se plaindre de son travail.

«Je ne veux pas jouer les martyrs mais ça me semble disproportionné. J'ai l'impression qu'on fait le ménage à deux ans des (élections) présidentielles», a-t-il noté.

Le directeur de France Inter, Philippe Val, s'est contenté d'expliquer dans une lettre que la nécessité «de renouveler et faire évoluer l'entente» l'obligeait à renoncer à certaines chroniques.

Les renvois ne feront rien pour améliorer les relations entre la direction et les journalistes de France Inter, qui ont dénoncé la semaine dernière dans une résolution «les choix et les méthodes» de M. Val.