Le dissident chinois Chen Guangcheng, arrivé il y a deux mois aux États-Unis, a accusé mercredi Pékin de ne pas avoir tenu ses promesses à son encontre, à l'occasion d'une visite au Congrès à Washington.

Devant les élus américains, Chen a fait part de ses inquiétudes à propos de son neveu, arrêté peu après son exil.

«Le gouvernement central chinois m'avait promis qu'il enquêterait sur la période prolongée où j'ai été opprimé dans la province de Shandong», a rappelé Chen Guangcheng.

«Le gouvernement m'avait aussi promis d'assurer la sécurité de ma famille. Mais je suis là depuis plus de deux mois et je n'ai reçu aucune nouvelle sur l'avancée de l'enquête. Je ne sais même pas si elle a commencé», a-t-il ajouté.

Chen a affirmé qu'aucun responsable chinois ne l'avait contacté depuis son arrivée aux États-Unis.

La Chine avait officiellement laissé Chen et sa famille partir à l'étranger pour étudier, mais de nombreux experts estiment que la principale motivation de la Chine était plutôt de se débarrasser d'un dissident gênant.

Les autorités ont depuis arrêté le neveu de Chen Guangcheng pour tentative de meurtre. Le dissident affirme que celui-ci se défendait avec un couteau de cuisine contre des voleurs entrés chez lui et qui pourraient être liés au gouvernement.

Chen a par ailleurs affirmé que la situation des droits de l'homme se détériorait en Chine, mais que le changement était inévitable grâce aux citoyens qui font de plus en plus entendre leur voix.

Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a pour sa part estimé que les États-Unis devraient aborder le problème des droits de l'homme en Chine, notamment les exactions perpétrées au nom de la politique de l'enfant unique.

«Pour ce qui est de garantir la liberté et la dignité de ses citoyens, le gouvernement chinois a la responsabilité de devoir faire mieux, et les États-Unis ont la responsabilité de leur faire rendre des comptes», a dit M. Boehner.

La chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a dit espérer que la visite de Chen ferait avancer les choses, y compris pour son neveu.

Chen Guangcheng s'est échappé le 22 avril de son village du Shandong (est), où il était de facto placé en résidence surveillée depuis un an et demi après avoir purgé quatre ans de prison pour sa dénonciation des excès de la politique de l'enfant unique.

Il avait trouvé refuge pendant six jours à l'ambassade des Etats-Unis à Pékin, déclenchant un casse-tête diplomatique. Hospitalisé ensuite pendant deux semaines dans la capitale chinoise, il avait finalement été autorisé à quitter le pays et est arrivé le 19 mai à New York où il vit depuis avec sa famille.