Des proches de victimes d'attaques de drones américains dans les régions tribales du nord-ouest du Pakistan ont demandé l'arrestation d'un responsable de la CIA aujourd'hui à la retraite, dans une plainte déposée lundi auprès de la police, a annoncé leur avocat.

«Nous avons déposé une plainte pour (l'émission) d'un mandat d'arrêt international contre John A. Rizzo, un responsable de la CIA», a déclaré l'avocat, Mirza Shahzad Akbar, lors d'une conférence de presse.

Les plaignants accusent M. Rizzo d'avoir donné son feu vert aux listes de cibles à éliminer par des tirs de missiles effectués par des drones américains.

Le texte de la plainte appelle Interpol et les autorités américaines à délivrer un mandat d'arrêt international à l'encontre de M. Rizzo, ancien directeur juridique des services de renseignement américains, affirmant que «l'accusé pouvait être jugé à Islamabad».

Il accuse M. Rizzo notamment de conspiration en vue de mener une guerre d'agression, de commettre des meurtres, y compris des crimes contre l'humanité.

«Rizzo a travaillé pour l'agence en tant que juriste à partir des années 1970 et exerçait ces fonctions au moment des premières attaques contre le territoire souverain du Pakistan (en 2004)», affirme le texte.

«À la CIA, l'une de ses attributions consistait à approuver une liste de personnes devant être tuées chaque mois au Pakistan par la CIA au moyen d'avions sans pilote, et il a déjà avoué publiquement ce crime», poursuit le document.

Les frappes menées par les drones de la CIA sont destinées à éliminer des suspects de terrorisme liés aux talibans et au réseau Al-Qaïda se trouvant dans les zones tribales pakistanaises proches de la frontière afghane, mais elles sont très impopulaires au sein de la population pakistanaise, hostile à l'alliance avec Washington.

Me Akbar est notamment l'avocat d'un membre d'une tribu dont le fils de 16 ans et le frère ont été tués par un drone. Cet homme, Karim Khan, demande 500 millions de dollars de compensation à la CIA.

«Les auteurs de ces attaques sont des ennemis de l'islam et de l'humanité, car ils tuent des hommes, des femmes et des enfants innocents», affirme Karim Khan.

Un juriste pakistanais réputé, Raja Abdur Rehman, a estimé que la plainte était fondée, car la loi du pays n'autorise pas d'opérations étrangères sur son sol. Il a précisé à l'AFP que le gouvernement devra nommer un enquêteur dans les 48 heures après le dépôt de la plainte.

Seule la CIA possède des drones dans cette région du monde. Plus de 20 frappes de drones ont été lancées contre ces zones au Pakistan depuis l'opération de commando américaine dans laquelle le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, a été tué le 2 mai dans la ville de garnison pakistanaise d'Abbottabad.