Plus de 35% de six provinces du centre du Vietnam sont encore infestées de bombes qui datent de la guerre contre les Américains, n'ont pas encore explosé et plombent l'économie vietnamienne, indique une étude publiée vendredi à Hanoï.

Dans ces provinces, le rapport recense 1,6 million d'hectares contaminés, 10 529 décès et plus de 12 000 blessés dus à des explosions. Réalisé sur près de cinq ans, il a été publié par la Vietnam Veterans of America Foundation (VVAF) et une branche du ministère vietnamien de la Défense. L'étude montre que 34% des victimes ont été blessées en récupérant des engins n'ayant pas explosé pour les revendre au poids du métal, 27% en cultivant la terre ou en travaillant avec le troupeau, et 21% en jouant ou en bricolant les bombes.

La province la plus touchée est celle de Quang Tri, siège de l'ancienne zone démilitarisée. À la jonction du Sud-Vietnam, soutenu par les Américains, et du Nord-Vietnam communiste, la région avait été le théâtre de combats parmi les plus sanglants.

Plus de 80% de la province seraient contaminés, selon l'étude.

Les cinq autres provinces du centre encore infestées de bombes sont celles de Quang Ngai, Ha Tinh, Nghe An, Thua Thien-Hue et Quang Binh.

Selon le rapport, la peur de tomber sur une bombe empêche les populations locales de participer complètement à la vie économique. «La contamination retarde la construction de logements, le développement d'infrastructures (...) et d'autres activités de développement», poursuit-il.

Au total sur l'ensemble du Vietnam, le ministère de la Défense estime que 6,6 millions d'hectares sont contaminés, a indiqué le représentant au Vietnam de VVAF, Thao Nguyen, dans la présentation de l'étude.

La guerre du Vietnam s'est achevée en 1975, mais débarrasser le territoire de ces armes prendra des centaines d'années, a récemment estimé le vice-ministre vietnamien de la Défense. Au moins 3 millions de Vietnamiens et 58 000 d'Américains sont morts dans le conflit.