(Dacca) Au moins une personne a été tuée mercredi à Dacca, capitale du Bangladesh, et des dizaines d’autres ont été blessées lors d’un rassemblement de l’opposition réprimé par la police avec des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes, selon la police et des témoins.  

La tension est montée d’un cran cette semaine quand le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal parti d’opposition, a appelé à une manifestation massive samedi pour appeler la première ministre Sheikh Hasina à démissionner.  

Le porte-parole de l’opposition, Shahiduddin Chowdhury Annie, a déclaré que la police avait tiré sur environ 5000 partisans de l’opposition qui s’étaient rassemblés pacifiquement mercredi devant le bureau principal du BNP, dans le centre de Dacca.  

« Nous n’avons pas bloqué la circulation. Mais la police nous a soudainement attaqués, tirant sur nos militants et nos sympathisants. Au moins 100 personnes ont été blessées », a raconté le porte-parole.  

Le BNP a déclaré qu’au moins deux de ses militants, dont un leader étudiant, avaient été tués par les tirs de la police.  

Le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca, Faruq Ahmed, a imputé la responsabilité des affrontements au BNP, expliquant qu’ils tentaient de dégager les routes pour la circulation quand des militants du parti ont attaqué les forces de l’ordre avec des pierres et des cocktails molotov.  

« Nous avons tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour évacuer les gens sur la route », a-t-il déclaré, ajoutant que des milliers de partisans du BNP se trouvaient sur les lieux au moment des heurts.  

Des images diffusées en direct sur Facebook par le BNP - qui n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante - montrent des militants apparemment blessés, allongés dans les escaliers du bureau du parti.  

Selon Abdul Hye, un agent de police en poste au Dhaka Medical College Hospital, le corps d’une personne et au moins huit personnes blessées ont été transportés à l’hôpital.  

Il n’a en revanche pas pu dire à l’AFP si le corps avait été touché par des balles réelles ou en caoutchouc.  

Les affrontements ont eu lieu alors que des responsables du BNP avaient exprimé leurs craintes que la police ne déclenche des violences pour saborder la manifestation de samedi qui, selon le parti, devrait attirer des centaines de milliers de personnes.  

Selon Rizvi Ahmed, un autre porte-parole du BNP, au moins 1430 de ses militants et sympathisants ont été arrêtés depuis le 30 novembre afin d’empêcher la tenue de la manifestation.  

Le BNP appelle à la démission de la première ministre et à ce qu’une administration intérimaire gouverne jusqu’à l’organisation de nouvelles élections.  

Ce parti a été évincé dans les deux dernières élections générales qui, selon des observateurs indépendants, ont été largement truquées par le gouvernement de Mme Hasina.  

Mardi, quinze ambassades au Bangladesh, dont celles des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et du Japon, ont appelé le gouvernement au respect de la liberté d’expression, des rassemblements pacifiques et des processus électoraux libres.