(Bangkok) Un projet de loi longtemps reporté faisant de la torture et des disparitions forcées un crime a été adopté par la chambre basse en Thaïlande mercredi, alors que le royaume est critiqué pour de nombreux cas de disparitions et d’assassinats non résolus.

Les Nations unies estiment qu’il y a eu au moins 82 cas de disparitions à caractère politique en Thaïlande depuis 1980, mais selon les experts, le chiffre réel serait plus élevé.  

Les militants des droits humains accusent les autorités thaïlandaises d’être impliquées, mais les auteurs de ces actes sont rarement traduits en justice.  

Les députés thaïlandais ont voté à l’unanimité mercredi une loi qui devrait permettre de contrer cette tendance. Le texte doit encore être examiné par le Sénat, probablement en mai prochain.

Les auteurs reconnus coupables de disparitions politiques ou d’actes de torture ayant entraîné la mort risqueront de 15 à 30 ans de prison.

Cette évolution constitue une première victoire pour les proches des personnes disparues qui font campagne pour une réforme de la loi depuis des années.  

La future loi « offre une lueur d’espoir » pour les victimes et leurs familles en deuil, a estimé Piyanut Kotsan, directrice d’Amnistie internationale Thaïlande.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire pour réparer les injustices subies par les familles et faire en sorte que les auteurs de ces crimes rendent des comptes », a-t-elle ajouté.

Militant prodémocratie kidnappé

En juin 2020, Wanchalearm Satsaksit, un militant prodémocratie en exil au Cambodge, aurait été enlevé en plein jour dans une rue de Phnom Penh sans laisser de trace.

Sur sa page Facebook, il se montrait très critique envers le gouvernement et était recherché en Thaïlande pour sédition.

Les polices cambodgienne et thaïlandaise n’ont fait aucun progrès dans leur enquête sur sa disparition.

D’autres affaires ont été médiatisées ces dernières années, dont la disparition du militant des droits de l’ethnie karen Billy Porlajee Rakjongcharoen en 2014.

L’année dernière, un ancien gradé de la police, Thitisan Utthanaphon, surnommé « Joe Ferrari » en raison de son penchant pour les voitures de luxe, a été inculpé de meurtre après la mort par suffocation d’un suspect soupçonné de trafic de drogue lors d’un interrogatoire.

Une vidéo de la victime avec un sac en plastique sur la tête et diffusée sur les réseaux sociaux a profondément choqué le public.

Dans le sud du pays à majorité musulmane, où les combats avec les rebelles ont fait des milliers de morts depuis 2004, les forces de sécurité thaïlandaises sont depuis longtemps accusées de recourir à la torture, entre autres violations des droits humains.