(Londres) Les contaminations à la COVID-19 flambent à travers le monde à la veille du réveillon de Noël, avec un nouveau record de cas jeudi au Royaume-Uni, contraignant de nombreux pays européens à renforcer les restrictions, comme l’Espagne qui impose de nouveau le masque en extérieur.

Un mois et demi avant l’ouverture le 4 février des Jeux olympiques d’hiver, la Chine n’a pas hésité, après la découverte de quelques dizaines de cas, à imposer un confinement strict aux 13 millions d’habitants de la ville de Xi’an (nord) en vertu de sa politique draconienne de « zéro COVID-19 ».

Face au déferlement du variant Omicron, très contagieux, la lassitude se fait sentir, comme chez cette Parisienne de 35 ans, Dominique, croisée près de la célèbre avenue des Champs-Élysées : « Il y a une fatigue morale. Mais que peut-on y faire ? On en a marre. L’an dernier, on pensait en voir le bout, mais là on se dit que plein d’autres variants peuvent arriver ».  

Une petite note d’espoir toutefois avant des fêtes de fin d’année plombées par la COVID-19 : de premières études venues d’Afrique du Sud, d’Écosse et d’Angleterre montrent qu’Omicron semble entraîner moins d’hospitalisations que Delta. Selon l’agence sanitaire britannique, les patients infectés par le nouveau variant ont jusqu’à 70 % de risque en moins d’être hospitalisés.

Nouveau record britannique

Au Royaume-Uni, pays frappé de plein fouet par le rebond pandémique, près de 120 000 cas supplémentaires de COVID-19 ont été enregistrés jeudi, un nouveau record. La hausse sur sept jours dépasse 50 % et le nombre d’hospitalisations commence à augmenter, notamment à Londres.

Pour l’instant, le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et l’Écosse ont annoncé des restrictions plus sévères. Mais en Angleterre, le gouvernement de Boris Johnson temporise.

La situation britannique est observée avec attention : « C’est très important de regarder ce qui va se passer à Londres la semaine prochaine. Cela va nous en apprendre beaucoup sur la sévérité » de la maladie provoquée par Omicron, a souligné jeudi le Pr Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique français.

En attendant, l’Espagne, pourtant l’une des championnes mondiales de la vaccination, sort de nouveau masquée. Devant l’explosion des cas, le gouvernement a décidé de rendre de nouveau obligatoire le port du masque à l’extérieur à partir de jeudi. Et la justice espagnole vient d’autoriser l’instauration d’un couvre-feu nocturne dans une grande partie de la Catalogne.

La Grèce a elle aussi annoncé que le port du masque serait obligatoire en intérieur comme à l’extérieur pendant les fêtes. Toutes les festivités publiques de Noël et du Nouvel An ont été annulées.

En Suède, le télétravail doit être privilégié et les évènements publics réunissant plus de 500 personnes devront exiger un passeport vaccinal.

En Belgique, le monde culturel est vent debout après la décision des autorités de contraindre cinémas et théâtres à fermer à compter de dimanche.

« Prendre soin les uns des autres »

En France, où les autorités misent davantage sur la vaccination que sur de nouvelles mesures restrictives pour l’instant, le président Emmanuel Macron a appelé les Français à « prendre soin les uns des autres », notamment par des tests ou autotests avant de retrouver leurs proches pour les fêtes de fin d’année. Le cap des 100 000 contaminations par jour devait être franchi « d’ici à la fin du mois ».

En Asie, comme un air de déjà-vu, dans la ville chinoise de Xi’an : rues désertes, dépistage massif, quartiers bouclés.

Tous les habitants de l’ancienne capitale chinoise doivent rester chez eux « sauf raison impérative », une seule personne par foyer étant autorisée à faire les courses tous les deux jours. Toutes les entreprises « non essentielles » ont dû fermer. Les habitants ne peuvent plus quitter la ville sans autorisation et l’ensemble de la population va être dépistée.

Ces mesures rappellent le confinement de 76 jours imposé début 2020 par les autorités à Wuhan, ville du centre de la Chine où le virus avait été détecté pour la première fois fin 2019 avant de déferler sur la planète.

Ailleurs dans le monde, le variant Omicron constitue désormais 73 % des nouvelles contaminations aux États-Unis.

La pilule contre la COVID-19 du laboratoire Merck, destinée aux adultes à haut risque, a été autorisée en urgence par l’Agence américaine du médicament (FDA), au lendemain de l’autorisation d’une pilule similaire développée par Pfizer.

Toujours sur le front médical, le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca a affirmé qu’une troisième dose de son vaccin contre la COVID-19 augmentait « significativement » le niveau d’anticorps contre ce variant.

« Omicron devient, ou est déjà devenu, dominant dans plusieurs pays y compris au Danemark, au Portugal et au Royaume-Uni, où les chiffres sont multipliés par deux tous les un jour et demi à trois jours, entraînant des taux inédits de transmission », selon Hans Kluge, directeur de l’OMS pour l’Europe.

Un rebond épidémique qui pourrait à terme impacter l’activité économique. La première compagnie aérienne européenne, Lufthansa, a annoncé jeudi l’annulation de 33 000 vols cet hiver, soit 10 % de son programme, à cause d’une baisse des réservations.

Considéré pour le moment comme moins mortel, le variant Omicron pourrait théoriquement entraîner un grand nombre de décès.

Le nombre de cas pourrait entraîner mécaniquement une hausse du nombre de patients hospitalisés – notamment les non-vaccinés et les personnes dites fragiles (très âgées, ou immunodéprimées par exemple) – et une fois de plus submerger les systèmes de santé.

La pandémie a fait au moins 5 376 527 morts dans le monde depuis fin 2019, selon un bilan établi par l’AFP à partir de source officielle jeudi. L’OMS estime que le bilan réel pourrait être deux à trois fois supérieur.