(Manille) Un journaliste philippin a été tué par balles mercredi aux Philippines, le dernier d’une longue liste de professionnels de la presse assassinés dans ce pays, a annoncé l’Union nationale des journalistes des Philippines (NUJP).

Jesus Malabanan a été tué à Calbayog City dans la province de Samar (centre), selon un communiqué de l’organisation publié sur sa page Facebook.

Jesus Malabanan était correspondant du Manila Standard dans la région de Luçon centrale, au nord de Manille, a indiqué le journal à l’AFP, confirmant la mort du journaliste.

Il était aussi pigiste de longue date de l’agence de presse internationale Reuters.  

Participant à un prix Pulitzer

L’agence s’est déclarée « profondément attristée » par la mort de Jesus Malabanan, qui a travaillé sur sa couverture de la guerre contre la drogue en 2017 aux Philippines. Cette série d'articles a valu à Reuters un prix Pulitzer en 2018.

La branche de la NUJP de la province de Pampanga, située sur l’île de Luçon, a condamné cet « assassinat absurde ».

La police de Calbayog s’est refusée à fournir des précisions.

Le journaliste Manny Mogato, qui travaillait lui aussi pour Reuters, a indiqué sur sa page Facebook que Malabanan avait reçu des menacs avant son assassinat. « Jess a beaucoup aidé Reuters dans sa couverture de la guerre contre la drogue. Reuters l’a aidé à se cacher pendant des mois à Samar lorsqu’il a été menacé à San Fernando », a déclaré Mogato.

Selon Mogato, cité par le site d’information Rappler, Malabanan a été tué dans le petit magasin qu’il tenait avec sa femme à Calbayog. « Sa femme a dit que Jess regardait la télévision à 18 heures (…) lorsqu’un coup de feu a retenti. Elle n’a pas vu le tireur mais le coup de feu a touché Jess à la tête, le tuant sur le coup », a déclaré le journaliste.

Les Philippines sont l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les journalistes, et la plupart de leurs assassins restent impunis.

Fin octobre, Orlando Dinoy, reporter pour le site en ligne Newsline Philippines et présentateur sur Energy FM, avait été tué de six balles par un homme armé qui avait fait irruption dans son appartement à Bansalan, sur l’île de Mindanao.

Il était le 21e journaliste tué depuis l’arrivée au pouvoir du président Rodrigo Duterte en 2016, avait alors indiqué l’Union nationale des journalistes des Philippines.

Dans un rapport publié en octobre avant ces deux derniers meurtres, le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York, a classé les Philippines à la septième place sur son indice mondial d’impunité, créé en 2008, avec 13 meurtres de journalistes non élucidés.  

Avec La Presse