(Bogotá) L’armée colombienne a tué six combattants de la guérilla de l’ELN dans une région du nord-est de la Colombie, frontalière du Venezuela, quelques semaines avant le début d’un cessez-le-feu bilatéral prévu pour le 3 août, a indiqué mardi le ministre de la Défense.

Il y a « six morts parmi les membres de cette organisation, quatre hommes et deux femmes » et « les opérations se poursuivent » dans le département d’Arauca (est), a déclaré à la presse Ivan Velasquez.

Il s’agit d’un coup sévère porté contre l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste), avec laquelle le gouvernement mène des pourparlers de paix depuis novembre.

Les deux parties ont signé un accord le 9 juin à La Havane, prévoyant un cessez-le-feu à partir du 3 août et pour une durée de six mois.

S’il est respecté, il s’agira de la plus longue trêve depuis la création de cette guérilla d’extrême gauche en 1964. L’ONU et la communauté internationale ont salué cet accord sans précédent.

L’ELN a toujours été réticente à déposer les armes et affiche sa méfiance à l’égard des gouvernements colombiens successifs, y compris le gouvernement actuel de Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire du pays élu à l’été 2022.

Mardi, le commandant de l’ELN, Antonio Garcia, a affirmé sur Twitter que des commandos d’élite de l’armée étaient déployés dans des régions bastion de la guérilla, comme l’Arauca, dénonçant « un plan de l’extrême droite avec les forces armées » et « en coordination avec des groupes paramilitaires ».

« On sait qu’ils n’obéiront pas aux ordres d’arrêter les actions militaires et de renseignement […] Ils sont déjà localisés dans des territoires spécifiques et prêts à agir militairement contre l’ELN, les cibles à attaquer sont définies », a assuré M. Garcia.

Sous l’impulsion de Gustavo Petro, le gouvernement colombien négocie depuis fin 2022 avec l’ELN, dernière guérilla constituée comme telle encore active en Colombie. Les pourparlers ont commencé en novembre à Caracas, avant de se poursuivre en mars à Mexico.

Mais la mort de dix soldats colombiens fin mars dans une embuscade de l’ELN avait suscité le doute sur la suite des négociations. Elles ont finalement repris pour un troisième cycle début mai à La Havane.

L’ELN, guérilla créée sous l’inspiration de la révolution cubaine, comptait 5850 combattants en 2022, selon les autorités.  

Ensanglantée par un demi-siècle de conflit armé, la Colombie a tenté de nombreuses négociations de paix avec les groupes armés.  

En 2016, un accord historique, négocié à La Havane, a conduit au désarmement de la puissante guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et à sa transformation en un parti politique.

Outre l’ELN, le président Petro tente de négocier depuis plusieurs mois avec des dissidents des ex-FARC, des groupes paramilitaires et des groupes criminels.