(Sao Paulo) Les barrages routiers dressés au Brésil par des manifestants refusant d’accepter la défaite électorale du président d’extrême droite Jair Bolsonaro avaient pratiquement disparu vendredi, et seules quelques dizaines d’irréductibles continuaient de protester devant des casernes.

Le dernier décompte de la Police fédérale des routes (PRF) faisait état de seulement 5 barrages dans deux des 27 États du pays, et aucun d’entre eux n’empêchait totalement la circulation de véhicules.

« Aucune autoroute fédérale n’est obstruée par un blocage », a déclaré la PRF sur ses réseaux sociaux.

Depuis la défaite de Jair Bolsonaro face à l’icône de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva à la présidentielle dimanche, la PRF dit avoir fait lever pas moins de 975 barrages sur des routes de tout le Brésil, pays aux dimensions continentales.

L’indice Ibovespa Bourse de Sao Paulo a terminé la séance sur une hausse de 1,08 %, après avoir grimpé de plus de 2 % à l’ouverture, rassurée par cette amélioration du climat politique et social.

Transition en cours

Le mouvement a commencé à s’essouffler mercredi, après la diffusion d’une vidéo du chef de l’État appelant ses partisans à « dégager les routes ».

La Confédération nationale de l’Industrie avait averti mardi du « risque imminent de pénurie », notamment de carburant, si les axes routiers restaient bloqués.

Jair Bolsonaro a néanmoins qualifié de « légitimes » les manifestations devant des casernes et autres lieux de commandement militaire, qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes mercredi dans une douzaine de villes brésiliennes.

PHOTO BRUNA PRADO, REUTERS

Jair Bolsonaro

Ces manifestants d’extrême droite réclamaient l’intervention de l’armée pour empêcher l’icône de la gauche Lula de revenir au pouvoir pour un troisième mandat, après avoir dirigé le pays de 2003 à 2010.

Vendredi, une centaine d’irréductibles étaient toujours postés devant le quartier général de l’armée à Brasilia, et une trentaine à Sao Paulo, ont constaté des journalistes de l’AFP.

À Rio de Janeiro, en revanche, les manifestants avaient quitté la place située devant le commandement militaire local.

Après une campagne entachée par plusieurs épisodes de violence, une adolescente de 12 ans est morte jeudi, succombant à ses blessures après avoir été blessée par balle quand elle célébrait la victoire de Lula dans la rue dimanche, à Belo Horizonte (Sud-Est).

Le président Bolsonaro n’a jamais reconnu explicitement sa défaite et encore moins félicité Lula pour son élection, mais il a promis de « respecter la Constitution ».

Geraldo Alckmin, vice-président désigné, a jugé « très profitable » la première réunion jeudi qu’il a eue avec des membres du gouvernement Bolsonaro afin de préparer la transition jusqu’à l’intronisation de Luiz Inacio Lula da Silva, le 1er janvier à Brasilia.

Vendredi, des cadres du Parti des Travailleurs (PT) ont visité les locaux qui seront occupés par l’équipe de transition, au Centre culturel de la Banque du Brésil, à Brasilia.

Les noms des ministres du futur gouvernement Lula devaient être prochainement annoncés.