(Bogota) Un tribunal colombien qui enquête sur les crimes de guerre a déclaré mardi que le plus grand groupe de guérilla du pays avait recruté au moins 18 600 enfants dans ses rangs entre 1996 et 2016, date à laquelle il a fait la paix avec le gouvernement.

La Juridiction spéciale pour la paix a déclaré qu’elle appellerait les anciens dirigeants des Forces armées révolutionnaires de Colombie, ou FARC, à témoigner alors qu’elle continue d’enquêter sur le recrutement forcé d’enfants dans l’armée de guérilla maintenant démobilisée.

L’estimation publiée par le tribunal de paix provient de 31 bases de données compilées par des enquêteurs gouvernementaux, des groupes de défense des droits humains et des proches d’enfants qui ont été recrutés dans la guérilla. Il dépasse une estimation précédente du procureur général de la Colombie qui avait déclaré en 2016 que les FARC avaient recruté de force 11 500 enfants dans leurs rangs.

La question du recrutement forcé est un sujet controversé en Colombie, où les blessures du conflit de quatre décennies entre les FARC et le gouvernement colombien sont encore fraîches.

Dans une interview accordée l’année dernière au journal local El Tiempo, l’ancien commandant des FARC Rodrigo Londoño a nié que les guérilleros avaient pour politique de recruter des enfants de moins de 15 ans. Rodrigo Londoño a déclaré que de nombreux jeunes de 15, 16 et 17 ans ont rejoint le groupe de guérilla « volontairement » et que dans les zones rurales, les Colombiens de plus de 15 ans étaient déjà considérés comme des adultes.

PHOTO NATHALIA ANGARITA, ARCHIVES REUTERS

L’ancien commandant des FARC Rodrigo Londoño lors de son témoignage le 4 août 2021.

En vertu de la loi colombienne, cependant, seules les personnes de 18 ans et plus sont définies comme des adultes.

Selon le tribunal de paix, les FARC ont recruté au moins 5600 enfants de 14 ans et moins en l’espace de deux décennies.

Le tribunal poursuivra son enquête en convoquant 26 anciens dirigeants du « bloc oriental » des FARC, qui auraient été fortement impliqués dans le recrutement de mineurs.

En vertu de l’accord de paix de 2016, les anciens combattants qui collaborent avec le tribunal de paix peuvent éviter une peine de prison si les juges déterminent qu’ils ont dit la vérité concernant les crimes de guerre. Mais le tribunal peut leur ordonner d’accorder des réparations aux victimes. Ceux qui ne collaborent pas et sont reconnus coupables peuvent se voir interdire l’exercice de fonctions publiques et encourir des peines de 20 ans de prison.