Le parquet de Colombie a annoncé mardi avoir lancé des poursuites exceptionnelles à l'encontre de chefs paramilitaires et de guérilleros pour quelque 11 000 violations des droits de l'homme, parmi les pires crimes perpétrés dans le cadre du conflit armé.

«Le parquet va enquêter sur 11 000 graves violations de droits de l'homme», a annoncé le procureur général Eduardo Montealegre, lors d'une conférence de presse.

Parmi les crimes étudiés figurent des massacres de civils, victimes des affrontements entre les guérillas communistes, en lutte contre les autorités depuis près d'un demi-siècle, et les milices paramilitaires d'extrême droite créées dans les années 80.

Près de 30 000 personnes ont été affectées par ces violations, qui incluent des meurtres, des viols, des enlèvements, ainsi que des disparitions et des déplacements forcés, notamment ceux de paysans chassés de leurs terres.

Au total 16 personnes sont poursuivies par le parquet colombien, 13 paramilitaires et trois guérilleros. Toutefois ces derniers pourront bénéficier de remise de peine en échange de leurs aveux dans le cadre de la la loi «Justice et Paix», impulsée durant le processus de démobilisation des milices entre 2003 et 2006.

Cette loi autorise des peines alternatives, de cinq à huit ans de prison, y compris pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, a rappelé M. Montealegre.

L'objectif du parquet est de mettre en évidence, à travers cette procédure spéciale, «la politique systématique et généralisée d'attaque de la population civile».

Les procès se dérouleront dans plusieurs tribunaux, à Bogota, Medellin, Barranquilla et Bucaramanga.

En près de 50 ans, le conflit armé colombien, qui met en scène l'armée, des mouvements de guérillas et de paramilitaires, ainsi que des bandes criminelles de trafiquants, a fait plusieurs centaines de milliers de victimes et environ quatre millions de déplacés.