L'assaut djihadiste qui a fait 30 morts - dont six Québécois - vendredi au Burkina Faso a été mené par «six» personnes au total, dont trois ont été tuées et trois sont «encore recherchées», a affirmé mardi le premier ministre français Manuel Valls.

Lors de l'attaque vendredi soir dans la capitale Ouagadougou, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), «six individus ont ouvert le feu sur le café Cappuccino (...) avant de se réfugier dans l'hôtel Splendid», a relaté le chef du gouvernement français à l'Assemblée nationale.

«Des six agresseurs, trois ont été tués et trois sont encore recherchés», a ajouté M. Valls.

Jusqu'à présent, les autorités burkinabè ont fait état de trois assaillants, tous tués.

De nombreux témoignages ont cependant évoqué plus de trois assaillants.

«Je veux exprimer à mon tour ma solidarité avec le Burkina Faso, attaqué, les morts de ce pays et toutes les victimes de ces attentats terroristes», a déclaré le premier ministre. Les députés français ont observé une minute de silence.

M. Valls a rappelé qu'au total trois attaques «distinctes, mais certainement coordonnées» s'étaient produites vendredi dans le petit pays d'Afrique de l'Ouest, avec l'attaque de l'escorte d'un préfet dans le nord du pays (deux morts et deux blessés) et l'enlèvement d'un couple d'Australiens «installé dans le pays depuis plus de 40 ans».

Il a rendu hommage aux autorités du Burkina «pour leur réactivité et leur sang-froid».

«La jeune démocratie du Burkina Faso a besoin de notre soutien et de notre aide et le président de la République a proposé l'assistance de la France notamment pour le bon déroulement de l'enquête», a-t-il toutefois souligné.

M. Valls a souligné que les démocraties africaines étaient les premières visées par les attentats djihadistes.

«L'Afrique est la cible des actes terroristes, la cible de ces groupes terroristes. Et notamment des pays comme le Burkina Faso, le Mali ou la Tunisie, qui représentent la démocratie, l'apaisement», a-t-il dit.

«Et plus que jamais nous devons être aux côtés des Africains, de nos amis africains, qui comme nous vivent ce qu'est le terrorisme, qui comme nous combattent le terrorisme et la barbarie au nom de nos valeurs», a-t-il poursuivi.

Les familles des victimes reçues par le gouvernement

Une cinquantaine de parents des victimes de l'attaque ont été reçus mardi par le gouvernement, qui a pris note de leurs attentes et leur a fait un point sur la situation.

«La réunion avec les parents des victimes, c'était pour leur donner des informations sur la situation sécuritaire et sur la situation des gens décédés», a affirmé le ministre de la Sécurité intérieure Simon Compaoré. Il était accompagné des ministres des Affaires étrangères, des Affaires sociales, de la Santé et de la Justice ainsi que de différents chefs des forces de sécurité.

«Nous avons échangé avec eux (pour savoir) quelles étaient leurs attentes. Est-ce qu'il y en a qui veulent enlever (récupérer) tout de suite le corps de leur parent (...) ou bien certains qui veulent attendre un enterrement collectif?», a poursuivi M. Compaoré qui a rappelé que les soins médicaux pour les blessés seraient gratuits.

Le gouvernement leur a notamment expliqué pourquoi les obsèques ne pouvaient avoir lieu immédiatement en raison des autopsies et de l'enquête.

Les questions des indemnisations, des obsèques, de l'éventuelle construction d'un monument ont aussi été abordées, ont rapporté des proches.

«On a demandé du temps pour avoir une position commune dans la famille», a confié à l'AFP Pascal Lankoande, le frère aîné d'une victime.

Une autre réunion devrait avoir lieu jeudi.

«Ces questions sont très sensibles et le gouvernement ne peut pas prendre une décision sans se concerter avec les familles. On n'a pas arrêté quelque chose de définitif», a conclu M. Compaoré.

Le bilan de l'attaque s'élève désormais à au moins 30 morts selon les bilans. Il y a également 70 blessés.

-Avec Patrick Fort et Romaric Ollo Hien

Le Quai d'Orsay demande un rapport interne sur la mort d'une photographe franco-marocaine

Un rapport a été demandé à l'inspection générale du ministère français des Affaires étrangères sur les circonstances du décès, dans l'attentat de Ouagadougou, de la photographe franco-marocaine Leïla Alaoui, blessée dans l'attaque et qui a succombé à ses blessures, a annoncé mardi le Quai d'Orsay.

Interrogé lors d'un point-presse sur l'aide apportée par la France à cette photographe, le porte-parole du ministère Romain Nadal a assuré que «malgré les soins qui lui ont été apportés, son état de santé s'est subitement aggravé alors que son évacuation médicale était en cours d'organisation».

«Les équipes médicales et psychologiques françaises accompagnent la famille dans ce drame», a-t-il assuré, alors que des critiques ont été émises par des proches de la photographe sur la rapidité avec laquelle la France a réagi.

Dans un communiqué publié mardi matin, l'Élysée a indiqué que le président François Hollande avait «appris le décès de Leïla Alaoui (...) Il s'incline devant sa mémoire et présente ses condoléances à sa famille». Mardi, le gouvernement et les députés ont observé une minute de silence en hommage à toutes les victimes de l'attaque djihadiste vendredi à Ouagadougou.

Leïla Alaoui, photographe reconnue dans son milieu professionnel, au Maroc, en France, ainsi qu'au Liban, où elle vivait une partie de l'année, avait été blessée par balle vendredi soir, alors qu'elle se trouvait près de la terrasse du café-restaurant Cappuccino, attaqué par plusieurs djihadistes. Transportée dans une clinique privée, elle avait été opérée durant plusieurs heures dans la nuit de vendredi à samedi.

Elle se trouvait au Burkina Faso dans le cadre d'une mission pour l'ONG Amnistie internationale, qui a déploré mardi sa mort ainsi que celle de son chauffeur, Mahamadi Ouédraogo. Tous deux étaient à bord d'une voiture, garée près du café Cappucino, qui a été mitraillée.

D'après Amnistie, Leila Alaoui a succombé lundi soir à une crise cardiaque alors qu'elle se trouvait en soins intensifs et que son évacuation médicalisée était en préparation.