L'attaque du 7 août contre un hôtel de Sévaré dans le centre du Mali, qui a fait officiellement 13 morts, a été revendiquée mardi auprès de l'AFP par un cadre jihadiste proche du prédicateur islamiste radical malien Amadou Koufa et lié à l'Algérien Mokhtar Belmokhtar.

«La main de Dieu a guidé les moujahidine à Sévaré contre les ennemis de l'islam. Quinze cafres (infidèles) et leurs complices ont été tués», a déclaré Souleyman Mohamed Kennen, dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l'AFP à Bamako.

«Le cheikh Amadou Koufa a aussi donné sa bénédiction pour l'attaque», a ajouté le responsable, réputé un de ses proches.

Souleyman Mohamed Kennen a aussi fait partie en 2012 de l'aile malienne de combattants pour Mokhtar Belmokhtar. Le nord du Mali était alors sous contrôle de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) - dont Belmokhtar est un membre fondateur - et Ansar Dine, fondé par un ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghali.

Selon le gouvernement malien, le bilan définitif de l'attaque et du siège de l'hôtel Byblos de Sévaré, où séjournaient régulièrement des étrangers, est de 13 morts: quatre militaires maliens, cinq employés de sociétés sous-traitantes de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) et quatre assaillants.

Dans un communiqué mardi, la Minusma a toutefois précisé qu'un chauffeur malien tué dans l'attaque - avec un Népalais, un Sud-Africain et deux Ukrainiens - ne faisait pas partie de son personnel sous contrat, portant de cinq à quatre le nombre de ses contractants tués dans l'attaque.

M. Kennen a également affirmé à l'AFP que les «moujahidine» étaient derrière une nouvelle attaque dans laquelle sont morts trois militaires maliens vers Ténenkou, dans la région de Mopti.

D'après le gouvernement malien, trois militaires maliens ont été tués et quatre ont été blessés lundi en fin de matinée par un engin explosif improvisé qui a sauté au passage de leur véhicule près de Diabozo, dans la zone de Ténenkou.

«Passerelle entre groupes djihadistes»

Avant cette revendication, les soupçons des enquêteurs maliens sur l'attaque de Sévaré se portaient vers un groupe récent allié d'Ansar Dine, le Front de libération du Macina (FLM), Macina étant un le nom traditionnel d'une partie du centre du Mali.

Apparu début 2015, le FLM, qui recrute essentiellement dans la communauté peule, est un mouvement allié à Ansar Dine.

«Il y a une passerelle entre tous ces groupes djihadistes. En revendiquant le coup de Sévaré, Souleyman parle aussi pour les autres groupes djihadistes», a affirmé à l'AFP une source de sécurité régionale.

Pour elle, «il n'est pas du tout impossible que des groupes islamistes traditionnels aient aidé à l'organisation de l'opération» djihadiste à Sévaré.

Selon une source proche de l'enquête dans cette ville à environ 12 km de Mopti et plus de 620 km de Bamako, les enquêteurs maliens ont retrouvé «des numéros de téléphone et des adresses» sur les corps de «terroristes» tués lors de l'assaut donné par les forces maliennes contre eux après près de 24 heures de siège.

«Ces données vont aider les enquêteurs à avancer plus vite», avait assuré cette source jointe lundi, indiquant que la piste du FLM se précisait. Une piste avancée également par une source militaire malienne, faisant état de «forts soupçons» sur le FLM.

La région de Mopti se situe à la lisière du vaste Nord malien d'où les djihadistes ont été en grande partie chassés et dispersés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l'initiative de la France.

Cinq jours après l'attaque de l'hôtel Byblos, le nombre total d'assaillants demeurait inconnu. Dimanche, le gouvernement malien faisait état de «sept suspects arrêtés», sans plus de détails.

Un militaire basé à Sévaré avait affirmé lundi à l'AFP que «des traces» des assaillants avaient été découvertes dans un bâtiment près du Byblos.

L'attaque a dévasté cet hôtel, dont il ne reste plus que des murs criblés de balles et percés de trous d'obus. Dans certaines chambres aux portes arrachées, le sol était jonché de débris ou d'habits, draps et oreillers maculés de sang, selon les premières images obtenues par l'AFP.