La justice kényane a suspendu jeudi la remise en liberté sous caution d'un important trafiquant présumé d'ivoire, prononcée la veille en première instance, en attendant la décision de l'appel interjeté par le Parquet, a constaté un correspondant de l'AFP.

Mercredi, un juge kényan a ordonné, pour raisons médicales, la libération contre une caution de 10 millions de shillings (environ 134 800 dollars CAN) de Feisal Mohamed Ali, qui figurait avant son arrestation parmi les neuf auteurs présumés de «crime contre l'environnement» les plus recherchés au monde par Interpol.

Le Parquet a fait appel et demandé jeudi la suspension de cette décision ayant suscité la colère des défenseurs de l'environnement au Kenya. Ces derniers considèrent ce dossier comme un test de la volonté de la justice locale de s'attaquer véritablement aux braconniers et aux trafiquants qui déciment les éléphants et les rhinocéros dans le pays et ailleurs en Afrique.

«L'accusé restera en détention, en attendant l'audience et la décision de cet appel», a décidé jeudi le juge Martin Muya, conformément à la demande formulée par le Parquet et à laquelle ont tenté de s'opposer les avocats de l'accusé.

M. Ali, appréhendé en décembre en Tanzanie et rapidement extradé vers le Kenya, était toujours incarcéré jeudi au moment du prononcé de cette décision, le processus de versement de la caution n'étant pas terminé.

Le substitut du procureur Alexander Muteti a rappelé que l'accusé avait été arrêté alors qu'il avait fui le Kenya après la découverte en juin de plus de deux tonnes d'ivoire dans un entrepôt de Mombasa, principal port d'Afrique de l'Est, situé sur la côte kényane. «Il présente donc des risques de fuite», a-t-il expliqué à la Cour.

Feisal Mohamed Ali est inculpé d'infraction à la législation sur le commerce des dépouilles issues de la faune sauvage et de possession illégale de 314 pièces d'ivoire, des crimes passibles de la prison à vie au Kenya quand ils concernent des espèces protégées comme les éléphants.

Mercredi, en première instance, le juge Justus Kituku a estimé ne pas croire à une possible fuite de l'accusé et donné droit à ses avocats qui avaient mis en avant le diabète de leur client et affirmé qu'il ne pouvait suivre son traitement en prison.

En janvier pourtant, ce même juge Kituku avait refusé de libérer sous caution Feisal Mohamed Ali, estimant que sa fuite en Tanzanie prouvait «qu'il essayait d'échapper à la justice».