Les États-Unis ont soumis mardi à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution qui prévoit d'imposer des sanctions aux belligérants au Soudan du Sud, ravagé par une guerre civile et des massacres interethniques.

Le texte prévoit des «sanctions ciblées» (gel des avoirs et interdiction de voyager) contre ceux qui «menacent la paix, la sécurité ou la stabilité» du pays, se rendent coupables d'exactions ou bloquent la distribution de l'aide humanitaire.

Mais il reviendra à un Comité des sanctions de désigner ultérieurement les individus à sanctionner.

Le projet, que Washington espère faire adopter dans les prochains jours, évoque aussi la possibilité d'imposer un embargo sur les armes destinées au Soudan du Sud si ces menaces ne suffisent pas.

Les Européens y sont favorables, mais l'administration américaine est apparue divisée sur ce point, certains faisant valoir qu'un tel embargo pénaliserait davantage le président Salva Kiir que son rival Riek Machar.

Les États-Unis, qui ont soutenu pendant des décennies l'indépendance du Soudan du Sud, obtenue en 2011, avaient annoncé dès novembre dernier leur intention de faire voter une résolution prévoyant des sanctions.

Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar se livrent une lutte acharnée depuis 14 mois, et n'ont pas respecté sept cessez-le-feu successifs. Le Conseil a déjà brandi à de nombreuses reprises la menace de sanctions et les États-Unis ont décrété de leur côté des sanctions bilatérales, sans parvenir à impressionner les belligérants.

Des négociations de paix ont repris lundi à Addis Abeba pour une nouvelle session qualifiée de «dernière chance» par les médiateurs régionaux. Les deux camps ont jusqu'au 5 mars pour trouver un accord de partage de pouvoir au sein d'un gouvernement de transition.

Selon le calendrier fixé par l'IGAD (organisation intergouvernementale est-africaine), une période de transition doit débuter le 1er avril et un gouvernement d'union nationale doit être formé le 9 juillet au plus tard.

Ces échéances fourniront l'occasion au Conseil de «faire monter encore d'un cran la pression» a fait valoir un responsable américain parlant anonymement.

Selon le même responsable américain, Salva Kiir et Riek Machar «ont préféré leurs intérêts politiques et économiques à la recherche d'une solution politique». La résolution «permettra de faire payer cher ceux qui continuent de torpiller un règlement» du conflit sud-soudanais.

Celui-ci a fait au moins 50 000 morts, selon l'ONG International Crisis Group, même si aucun bilan officiel n'est disponible.

L'ONU estime elle que 4 millions de personnes sont en situation de détresse alimentaire. 110 000 civils sont actuellement réfugiés dans les bases de l'ONU au Soudan du Sud.