L'ONU a annoncé mercredi le lancement d'une enquête interne à la suite d'accusations selon lesquelles la mission conjointe ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) minimiserait les exactions commises par les forces soudanaises au Darfour (ouest du Soudan).

Ces accusations ont été portées dans plusieurs médias, notamment la revue américaine Foreign Policy, par une ancienne porte-parole de la Minuad, Aicha El-Basri.

Selon le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, le secrétaire général Ban Ki-moon «est préoccupé par les récentes accusations graves portées contre la Minuad». La Minuad est notamment accusée «d'informer de manière inexacte de la situation sur le terrain au Darfour», d'avoir failli «dans certains cas précis» à sa mission de protéger les civils ou d'avoir commis des erreurs de gestion.

«Soucieux d'améliorer les résultats de la Minuad», M. Ban est «déterminé à prendre toutes les mesures nécessaires pour corriger toute infraction». Il a donc demandé au secrétariat de l'ONU de mener «dans un délai d'un mois» un examen des résultats de toutes les enquêtes et demandes d'informations concernant la Minuad depuis la mi-2012, a expliqué le porte-parole.

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, avait demandé à la mi-juin à l'ONU d'enquêter sur les accusations contre la Minuad. S'exprimant devant le Conseil de sécurité, Mme Bensouda avait évoqué «de récentes accusations selon lesquelles la Minuad aurait été manipulée afin de dissimuler des crimes commis contre les civils et les Casques bleus, en particulier ceux commis par le gouvernement soudanais».

Elle avait réclamé «une enquête complète, indépendante et publique», affirmant que «si ces accusations étaient avérées, l'ONU devrait prendre des mesures appropriées». Au cours du débat qui avait suivi, plusieurs pays membres du Conseil, dont la France et le Royaume-Uni, avaient soutenu cette demande d'enquête.

La Minuad, créée il y a six ans et forte de 19 000 soldats et policiers, est chargée de protéger les civils et de sécuriser l'aide humanitaire destinée au Darfour. Cette région de l'ouest du Soudan est en proie à des violences depuis le soulèvement en 2003 de rebelles contre le pouvoir central et les élites arabes.

Ces violences ont fait au moins 300 000 morts et près de deux millions de personnes selon l'ONU.