La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza a annoncé mardi sur la radio française RTL qu'elle allait «demander une opération de maintien de la paix aux Nations unies» pour renforcer le dispositif militaire international dans son pays, qu'elle juge insuffisant.

«Malgré la présence des éléments (français) de l'opération Sangaris et (africains) de la MISCA, les exactions continuent aussi bien à Bangui qu'à l'intérieur du pays. Cela veut dire que ces troupes-là n'ont pas suffisamment d'hommes pour rétablir et assurer la sécurité des populations», a jugé Mme Samba Panza.

«Il serait raisonnable et réaliste de demander une intervention d'une opération de maintien de la paix des Nations unies. Je vais le faire officiellement, la lettre a déjà été faite depuis hier», a-t-elle poursuivi.

«La priorité, c'est d'essayer avec l'appui des troupes en présence sur le terrain, de rétablir en urgence la sécurité et d'arrêter le désordre qui prévaut en ce moment à Bangui du fait des éléments incontrôlés des anti-balaka (milices chrétiennes)», a souligné la présidente de transition.

Cette demande survient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a donné mandat mardi à une future force européenne pour aider Africains et Français à rétablir l'ordre en République centrafricaine (RCA) et menacé de sanctions les fauteurs de troubles dans ce pays.

La résolution adoptée à l'unanimité par les 15 membres du Conseil invite aussi le gouvernement centrafricain à accélérer la transition politique en organisant des élections au deuxième semestre 2014 si possible, et renforce les moyens du Bureau de l'ONU en RCA (BINUCA).

Le Conseil a décidé de mettre sous mandat de l'ONU les quelque 500 soldats européens qui doivent prêter main-forte aux 5000 militaires africains de la MISCA (force de l'Union africaine, censée passer à 6000 hommes) et aux 1600 soldats français de l'opération Sangaris.

À terme, l'ONU considère qu'il faudrait déployer plus de 10 000 hommes pour sécuriser la RCA «car la situation est très, très grave et le pays immense», a expliqué l'ambassadeur français aux Nations unies Gérard Araud.

La présidente Catherine Samba Panza a fort à faire sur le front des violences interreligieuses et de la crise humanitaire sans précédent qui touche le pays, avec des centaines de milliers de déplacés, dont 400 000 à Bangui, soit la moitié de la population de la ville.

L'ancien président Michel Djotodia, poussé à la démission le 10 janvier sous pression internationale, avait renversé en mars 2013 le régime de François Bozizé à la tête de la coalition rebelle Séléka à dominante musulmane.

Elle s'est rendue responsable d'exactions répétées contre la population majoritairement chrétienne du pays, déclenchant une spirale de violences intercommunautaires dont les civils sont les principales victimes.