Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Droits de l'homme, Ivan Simonovic a affirmé que des enfants-soldats participaient aux combats au Soudan du Sud, où des tueries massives ont eu lieu.

«Les informations qui nous parviennent font état de tueries massives, d'exécutions extrajudiciaires, de destructions à grande échelle, de pillages, et de recrutement d'enfants-soldats», a déclaré devant la presse l'envoyé de l'ONU au cours d'une visite au Soudan du Sud.

Par ailleurs, les accusations d'atrocités se multiplient contre les deux camps en guerre au Soudan du Sud alors que l'armée a dit vendredi avoir perdu le contact avec ses forces dans la ville pétrolière de Malakal qui pourrait avoir été prise par la rébellion.

Après Human Rights International, c'est au tour de l'ONU de dénoncer des tueries dans un conflit qui oppose depuis plus d'un mois l'armée fidèle au président Salva Kiir et une rébellion hétéroclite, conduite par l'ancien vice-président Riek Machar.

Le secrétaire général-adjoint Simonovic, s'est rendu cette semaine à Bentiu, dans l'État pétrolier de l'Unité (nord), reconquise la semaine dernière par l'armée régulière.

À son retour, il a parlé d'«une ville fantôme» et a rapporté avoir vu des corps de personnes ligotées avant d'avoir été abattues.

«Dès qu'un camp reprend le contrôle de Bentiu, il commet des violations des droits de l'homme et tue des civils», a déclaré M. Simonovic.

«Nous avons vu entre 15 et 20 cadavres en état de décomposition dans la rue. Manifestement les civils sont ligotés avant d'être tués», a-t-il ajouté.

Dans un rapport, Human Rights Watch écrivait déjà jeudi que «des crimes effarants ont été commis contre des civils pour la seule raison de leur appartenance ethnique».

«Papiers d'identité»

Selon les Nations unies, le conflit a déjà fait 468 000 déplacés, beaucoup étant réchappés de violences entre la communauté dinka - à laquelle appartient le président Kiir - et la communauté nuer de M. Machar.

À Genève, l'ONU a précisé vendredi que l'on comptait aussi plus de 86 000 réfugiés dans les pays voisins et que leur nombre devrait dépasser les 100 000 d'ici fin janvier.

Après Bentiu, Malakal, dans la province pétrolière du Haut Nil (nord-est), est devenue cette semaine un des champs de bataille les plus durs.

Lundi, les rebelles ont lancé une offensive pour conquérir la ville qui a changé déjà deux fois de mains depuis le début du conflit le 15 décembre -, mais le gouvernement et les rebelles affirmaient tous deux la contrôler.

«Le commandant de Malakal n'est plus accessible depuis hier», a déclaré vendredi le porte-parole de l'armée Philip Aguer, sans autre détail.

Les Nations unies abritent quelque 20 000 civils dans une base exiguë dans la ville, évoquant des batailles de chars et des combats de rues après le lancement de l'attaque rebelle.

Des dizaines de civils ont été blessés par des balles perdues dans la base et des Casques bleus ont effectué des tirs de sommation pour éloigner les parties en conflit.

De nombreux habitants de Malakal tentent difficilement de gagner le Soudan, dont le Soudan du Sud a fait sécession en juillet 2011 après une longue guerre civile.

Sous le soleil du poste de Joda, où la région du Haut Nil (Soudan du Sud) rejoint celle du Nil Blanc (Soudan), des centaines d'enfants en pleurs et d'adultes fatigués patientent.

«Nous attendons depuis quatre jours», raconte Samuel John, qui arrive de Malakal, à 300 km au sud-ouest de la frontière.

«Nous sommes encore à la frontière parce que les autorités soudanaises nous ont demandé nos papiers d'identité. Mais nous n'en avons pas sur nous, parce que nous fuyons la guerre!»

D'autres attendent depuis plus longtemps, avec pour seul bien quelques vêtements jetés dans un sac ou enroulés dans une couverture.

«Nous sommes venus parce que nous avons entendu que le président Béchir a dit aux autorités de nous ouvrir les portes», mais elles restent fermées, explique David Jiha, un autre réfugié de Malakal.

Le porte-parole des rebelles Lul Ruai Kong, parlant depuis l'Éthiopie voisine, avait déclaré dans la semaine que la ville avait été prise aux forces gouvernementales.

Mais le ministre de l'Information du Soudan du Sud, Michael Makuei, avait assuré jeudi que la ville était «toujours totalement sous notre contrôle», accusant la rébellion de mensonge.