Le procès, longtemps attendu, d'une quarantaine de militaires accusés de crimes de guerre et de viols en 2012 à Minova, dans l'est de la République démocratique du Congo, a été rapidement ajourné mercredi à Goma après son ouverture dans la matinée.

L'audience s'est ouverte dans le quartier Virunga, dans le nord de Goma avant d'être ajournée au 4 décembre.

«Le procès s'est ouvert aujourd'hui... devant la cour militaire opérationnelle», a déclaré à l'AFP Julien Paluku, le gouverneur de la province du Nord-Kivu (Est), dont Goma est la capitale. Les prévenus, au nombre de 39 selon Me Matthieu Mugisho, avocat de la défense, sont poursuivis pour crimes de guerre, viols, meurtres, pillages.

Seuls «38 ont comparu parce qu'un serait malade et en soins» hors de Goma, a indiqué Me Mugisho à l'AFP.

«Une dizaine d'officiers subalternes et supérieurs sont poursuivis», pas «pour viol, mais pour la responsabilité qu'ils ont de contrôler leurs subalternes qui, eux, auraient commis des viols», a précisé l'avocat.

Selon Me Mugisho, le procès devrait durer «longtemps». «Rien que l'audition des 39 prévenus, accusés pour des crimes aussi graves, va prendre du temps. Et il y a aussi des victimes qui peuvent comparaître, et elles sont aussi nombreuses: les avocats ont présenté 100 victimes et, selon la loi congolaise, d'autres peuvent encore s'ajouter.»

«À la cour opérationnelle militaire, (...) il n'y a pas d'appel, on condamne carrément, et si on doit libérer, on libère», a indiqué à l'AFP un officier supérieur de la police. D'après M. Paluku, «des magistrats sont arrivés de Kinshasa pour appuyer ceux de Goma».

Aux abords de la cour, de nombreux policiers et militaires, pour certains armés de lance-roquettes, étaient postés, a raconté à l'AFP un témoin.

Le 20 novembre 2012, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) s'étaient emparés de Goma, qu'ils avaient occupée une dizaine de jours. Les soldats de l'armée régulière ont été accusés, dans leur fuite, d'avoir commis des atrocités dans et aux alentours de Minova, dans la province du Sud-Kivu.

Entre le 20 et le 30 novembre, «135 cas de violence sexuelle, ainsi que d'autres violations graves des droits de l'homme, dont des meurtres et des pillages massifs, (ont été) perpétrés par des militaires», estime la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO).

Son enquête a «également mis en évidence des violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire, dont au moins 59 cas de violence sexuelle, commises par des combattants du M23 à Goma et dans ses environs à la même période».

Le 20 octobre, l'ONU avait déploré que, «presque un an après les faits, aucun des auteurs présumés de ces violations des droits de l'homme» n'ait été «traduit en justice».

La RDC et l'ONU ont signé en avril un accord visant à renforcer la lutte contre les violences sexuelles commises pendant les conflits par des groupes armés et des soldats de l'armée régulière, principalement dans l'est du pays.

Ce procès s'ouvre après la victoire, début novembre, des soldats de l'armée régulière, soutenue par la MONUSCO, contre le M23.