L'actrice américaine Angelina Jolie, qui représente le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) depuis 2001, visite cette semaine le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) avec le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. Leur mission doit attirer l'attention sur l'enjeu des viols en temps de guerre.

«Il est temps que la communauté internationale dise que l'utilisation du viol comme une arme de guerre est inacceptable, de livrer à la justice leurs auteurs et d'en finir avec l'opprobre des victimes», a déclaré le ministre Hague, promettant d'en faire son enjeu personnel lors de la tenue du G8 à Londres, en avril.

Au Rwanda et en RDC, ils rencontreront des politiciens, des victimes de viols et des associations locales. En RDC, l'enjeu du conflit entre l'armée congolaise et le Mouvement 23 Mars dans la province du Nord-Kivu sera abordé de front, puisque la région est le théâtre de nombreux viols.

Les vedettes: un mal nécessaire?

Si la présence de vedettes dans les missions diplomatiques est parfois contestée, la présence d'Angelina Jolie est un plus pour l'opération, croit le professeur en science politique spécialisé en coopération internationale à l'Université de Waterloo en Ontario, Andrew Cooper. 

«Elle attire l'attention de la population et des médias aux enjeux qu'elle endosse. Elle n'est peut-être pas une experte en la matière, mais c'est probablement pour cette raison que la mission est organisée conjointement avec le ministre des Affaires étrangères britannique, qui sera responsable des enjeux précis», croit M. Cooper. 

«Quand on regarde son passé, on pourrait croire qu'elle n'est pas une bonne candidate pour ce genre d'opération. Pourtant, depuis dix ans, elle fait du bon travail. Les gens aiment travailler avec elle, et des enjeux difficiles et complexes ont été abordés, comme le cas des réfugiés irakien», souligne-t-il. 

Depuis qu'elle est ambassadrice des Nations unies, Angelina Jolie a participé à plus de 40 missions sur le terrain. Elle a été nommée en avril 2012 envoyée spéciale du Haut Commissaire de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres.

- Avec l'Agence France-Presse

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Qu'est-ce que le M23?

Pendant leur voyage diplomatique en République démocratique du Congo, Angelina Jolie et le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague aborderont de front l'enjeu épineux du conflit entre l'armée congolaise et les forces rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). 

Rebaptisés en octobre dernier «Armée révolutionnaire du Congo», ces rebelles font la loi dans les territoires du Nord-Kivu. La région est connue pour son sous-sol riche en minerais rares et en terres cultivables. Ils contrôlent aussi une partie du Rutshuru, près des frontières du Rwanda et de l'Ouganda. 

Le M23 tient son nom d'un traité qui a été signé le 23 mars 2009 entre les autorités de la RDC et les rebelles pro-rwandais du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ce traité promettait l'intégration des rebelles dans les forces armées congolaises. 

En avril de cette même année, prétextant que le traité n'était pas appliqué, les rebelles ont repris les combats. 

Depuis, des rapports des Nations unies ont accusé le Rwanda et l'Ouganda de soutenir le M23 en fournissant notamment des soldats, des renseignements et des munitions. Ces allégations ont été niées par les deux pays, même si le Conseil de sécurité de l'ONU a voté une mention qui affirmait le soutien aux auteurs des rapports.

En septembre dernier, l'organisme non gouvernementale Human Rights Watch a accusé le M23 de «crimes de guerre à grande échelle». 

«(Les rebelles) sont responsables de crimes de guerre commis à grande échelle, y compris des exécutions sommaires, des viols et des recrutements de force, a déclaré Human Rights Watch. Trente-trois des personnes exécutées étaient des jeunes hommes et des garçons qui avaient tenté de quitter les rangs des rebelles».

Politiquement, le M23 souhaite le départ du président congolais Joseph Kabila, réélu à la tête du pays en 2011.