Les Coptes d'Égypte ont participé jeudi soir aux célébrations de la veille du Noël orthodoxe, vendredi, dans des églises sous forte protection policière, près d'une semaine après l'attentat sanglant contre cette communauté à Alexandrie.

Quelque 70 000 policiers et conscrits ont été spécialement affectés à la surveillance des lieux de culte chrétiens, avec des véhicules blindés et des équipes de spécialistes des explosifs, selon les services de sécurité.

Des barrières de sécurité pour empêcher les véhicules de se garer ont également été installées devant les édifices, dont l'accès était soumis à des contrôles.

À Alexandrie, les fidèles sont revenus par centaines dans l'Église des Saints visée par l'attentat. «Pour survivre, nous les Coptes devons affronter la peur et la douleur. Nous devons être plus forts que les terroristes. C'est pour cela que je viens à la messe», affirmait Maureen, une chrétienne de 27 ans vêtue de noir.

À la cathédrale d'Abbassiya, au Caire, le patriarche copte orthodoxe, Chenouda III, a dirigé une messe en présence de plusieurs membres du gouvernement et des deux fils du président Hosni Moubarak, Alaa et Gamal, musulmans sunnites.

Le patriarche a déploré dans une homélie «le martyre d'un grand nombre d'innocents» lors de l'attentat d'Alexandrie.

Des musulmans ont indiqué qu'ils assisteraient aux messes, ou participeraient à la protection des églises, pour manifester leur solidarité avec les chrétiens visés par l'attentat qui a coûté la vie à 21 personnes.

La police a annoncé dans l'après-midi avoir découvert un engin explosif rudimentaire dans une église de Minya, à 200 km au sud du Caire; il était composé d'une boîte de lait en poudre bourrée de pétards, de boulons et de clous, sans détonateur.

La sécurité a été également renforcée autour d'autres lieux sensibles, comme les stations touristiques également frappées par des attentats dans le passé, selon le quotidien gouvernemental al-Ahram.

Dans plusieurs autres pays, comme la France, le Canada, l'Allemagne ou les Pays-Bas, le niveau de vigilance a été accru autour des lieux de culte coptes.

Les Coptes d'Égypte, pour la plupart orthodoxes, représentent 6 à 10% des quelque 80 millions d'Égyptiens, en grande majorité musulmans sunnites. Ils constituent la minorité chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient.

Côté enquête, le ministère de l'Intérieur a diffusé mercredi une photo reconstituée du visage d'un inconnu soupçonné d'être l'auteur de l'attentat, réalisée à partir d'une tête arrachée retrouvée sur le lieu du carnage.

La police espère que cette photo aidera à identifier le suspect.

Selon les services de sécurité, l'homme a fait détoner à l'extérieur de l'église 10 à 15 kg d'explosifs, des boulons et des roulements à billes, quand des fidèles commençaient à sortir d'une messe du Nouvel an, peu après minuit.

L'attaque n'a pas été revendiquée, mais le pouvoir a assuré qu'il était l'oeuvre de «mains étrangères».

Cet attentat, deux mois après des menaces contre les chrétiens d'Égypte proférées par la branche irakienne d'Al-Qaïda, a provoqué de nombreuses manifestations de Coptes, au Caire et à Alexandrie principalement, qui ont donné lieu à plusieurs reprises à des heurts avec la police.

L'attentat d'Alexandrie a également aggravé le sentiment d'insécurité et de marginalisation éprouvé par une grande partie de la communauté copte.

Les chrétiens sont «mis à l'épreuve», a déclaré jeudi le pape Benoît XVI priant pour les Églises orientales qui se préparent à célébrer Noël.

Les autorités politiques et religieuses d'Égypte, chrétiennes et musulmanes, ont condamné l'attentat d'Alexandrie, et multiplié les appels au calme et à l'unité nationale.