Les deux Espagnols retenus depuis près de neuf mois au Mali par Aqmi, la branche maghrébine d'Al-Qaïda, ont été libérés et sont attendus lundi en fin de soirée à Barcelone (nord-est), a annoncé le gouvernement espagnol.

«Aujourd'hui est un jour de fête» s'est félicité le chef de gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero lors d'une brève déclaration pour annoncer cette libération, sans faire mention du versement d'aucune rançon contrairement à ce qu'ont affirmé plusieurs journaux.

C'est «une très bonne nouvelle» qui «met fin à une action terroriste qui n'aurait jamais dû se produire», a poursuivi M. Zapatero avant de «remercier les différents gouvernements, surtout ceux de la zone où s'est produite cette prise d'otage».

Le responsable socialiste a précisé que les deux otages, Roque Pascual et Albert Vilalta, étaient attendus dans la nuit de lundi à mardi à Barcelone dans un avion spécial en compagnie de la secrétaire d'État à la Coopération, Soraya Rodriguez.

L'avion, dans lequel devaient également prendre place les épouses des deux otages, ainsi qu'un médecin, un psychologue et plusieurs fonctionnaires, devait arriver après 22h30 (20h30 GMT) à Barcelone, selon plusieurs sources du gouvernement espagnol.

Ces deux volontaires de l'ONG catalane Accio Solidaria, enlevés le 29 novembre en Mauritanie alors qu'ils participaient à un convoi humanitaire, devaient arriver lundi en fin de journée à Ouagadougou, à bord d'un hélicoptère de l'armée du Burkina, selon une source sécuritaire burkinabè.

Leur libération intervient quelques jours après l'extradition par Nouakchott vers le Mali du Malien Omar Sid'Ahmed Ould Hamma, dit «Omar le Sahraoui», condamné pour avoir enlevé ces humanitaires espagnols en Mauritanie.

Le retour au Mali de «Omar le Sahraoui» et à terme sa libération était une des exigences d'Aqmi pour la libération des deux Espagnols.

Les quotidiens espagnols El Mundo et ABC ont affirmé que le processus de libération des deux Catalans ne s'est enclenché qu'après cette extradition.

Ces deux journaux indiquent en outre qu'une rançon, évaluée à 3,8 millions d'euros par El Mundo et de 5 à 10 millions d'euros par ABC, a été versée par Madrid.

Mais le chef de gouvernement espagnol n'a fait mention d'aucune rançon ni évoqué l'extradition de «Omar le Sahraoui», dans sa courte intervention, suivie d'aucune question de journalistes.

L'exécutif avait nié farouchement en mars le versement d'une rançon lors de la libération d'Alicia Gamez, autre volontaire d'Accio Solidaria, capturée en même temps que Roque Pascual et Albert Vilalta en novembre 2009 en Mauritanie.

Aqmi avait revendiqué le 25 juillet l'exécution d'un otage français, Michel Germaneau, 78 ans, après l'échec d'un raid militaire franco-mauritanien au Mali pour tenter de le retrouver et au cours duquel sept djihadistes avaient été tués.

Cette attaque avait provoqué l'inquiétude de Madrid sur le sort des deux otages espagnols qui étaient aux mains d'un groupe d'Aqmi dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Belawar.

L'ONG Accio Solidaria avait toutefois indiqué le 16 août que les familles avaient reçu des «preuves de vie», qu'ils se portaient bien et que les négociations se poursuivaient pour leur libération.

Le directeur d'Accio Solidaria Francesc Osan a fait part lundi de son soulagement et de sa joie. «Nous sommes très contents (...) après neuf longs mois de tension et d'abattement», a-t-il déclaré tandis que le maire socialiste de Barcelone Jordi Hereu a félicité l'exécutif espagnol pour cette «fin heureuse».