La grogne contre la FIFA a monté d'un cran, hier, en Afrique du Sud. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Durban pour protester contre les dépenses exorbitantes engendrées par le Mondial dans un pays où près de la moitié de la population vit dans la pauvreté.

«Dehors la mafia FIFA!» scandait la foule réunie dans un parc de Durban, à l'est du pays. Parmi les manifestants, de nombreux vendeurs de rue, furieux de s'être vu interdire les environs des stades. D'ici à la fin du tournoi, seuls les commanditaires de la FIFA auront ce privilège.

 

Les vendeurs de rue comptaient sur la Coupe du monde pour améliorer leurs fragiles conditions de vie. Comme bien d'autres Sud-Africains, ils ont la désagréable impression que «leur» Mondial ne profitera finalement qu'à la FIFA et à ses commanditaires.

Les manifestants en ont aussi contre Pretoria, qui a dépensé près de 5 milliards de dollars pour organiser la première Coupe du monde en terre africaine.

Ces dépenses sans précédent dans l'histoire du tournoi sont injustifiables dans un pays en voie de développement, disent les critiques. «Si nous avons de l'argent pour les stades, nous ne devrions pas avoir de sans-abri ni de gens forcés de vivre dans des taudis», a dit Allan Murphy, organisateur de la manifestation, à l'AFP.

Des agents de sécurité qui avaient été embauchés par une firme privée pour veiller sur le stade de Durban se sont joints aux manifestants. Dimanche soir, après le match entre l'Allemagne et l'Australie, environ 500 d'entre eux avaient fait du grabuge dans les rues de la ville pour protester contre leur maigre salaire. Des policiers anti-émeute avaient utilisé des balles de caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Les agents affirment qu'ils n'ont reçu que 25$ pour assurer la sécurité des partisans pendant le match, alors qu'on leur avait promis 200$. Hier, deux agents en colère ont tenté d'incendier les bureaux de Stallion Security, la firme qui les avait embauchés en sous-traitance pour le comité organisateur du Mondial.

Des gardiens ont aussi fait la grève à Johannesburg, au Cap et à Port Elizabeth, ce qui a forcé la police sud-africaine à prendre le relais en catastrophe pour assurer la sécurité dans les stades. Des milliers de cadets de la police ont été appelés en renfort.

Ce cafouillage a enragé des milliers de partisans, bloqués lundi soir aux portes du stade du Cap pendant que se disputait le match Italie-Paraguay.

Selon un bénévole interrogé par le journal sud-africain Times, les 1000 cadets appelés à remplacer les gardiens au pied levé n'étaient pas à la hauteur de la tâche. «Des gens sans billet sont entrés dans le stade. Les gens poussaient pour entrer à l'intérieur. La situation était explosive.»