La France accueille lundi et mardi à Nice 38 dirigeants africains pour le 25e sommet Afrique-France, une rencontre présentée comme celle du «renouveau», faisant la part belle aux puissances nigériane et sud-africaine tout en s'efforçant de ne pas fâcher les vieux alliés francophones.

Ce sommet est le premier du genre pour Nicolas Sarkozy, qui a plusieurs fois dit sa volonté de sortir des anciens réseaux d'influence pour favoriser plus strictement les intérêts de la France, qui n'a plus vocation à être le gendarme de l'Afrique.

Le président français soignera en particulier le président de la locomotive continentale sud-africaine, Jacob Zuma, qui fait le déplacement à quelques jours du coup d'envoi de la Coupe du monde de football. Un déjeuner en tête à tête est prévu.

Un long aparté est aussi programmé avec le Nigérian Goodluck Jonathan, qui a prêté serment le 6 mai après le décès du président Umaru Yar'Adua, prenant les rênes du pays le plus peuplé d'Afrique qui dispute à l'Angola la place de premier exportateur de pétrole africain.

Autre présence notable, celle de l'Algérien Abdelaziz Bouteflika, qui pourrait marquer un dégel des difficiles relations entre Alger et Paris.

Ce sommet de la «normalisation», selon plusieurs experts, sera axé sur l'économie, avec une série de rencontres entre entreprises françaises et africaines.

L'idée est d'adopter une approche pragmatique, sur le modèle du «Trade, not aid» (du commerce, pas de l'aide) anglo-saxon, qui propose une aide destinée à doper les secteurs de croissance. Et de contrer la Chine, qui offre des milliards et des infrastructures en échange de matières premières.

Autre changement: ces traditionnelles grands messes bisannuelles seront désormais organisées «tous les trois ans».

A Nice, la rencontre sera coprésidée par le président français et son homologue égyptien Hosni Moubarak, qui accueillera le prochain sommet en 2013.

Initialement prévu en Egypte, le choix final de la côte d'Azur a permis à Paris d'éviter la présence du Soudanais Omar el-Béchir, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale et qui enverra un représentant.

Seuls deux des 53 pays africains ne seront pas représentés: le Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe est en disgrâce internationale, et Madagascar, en pleine crise politique.

A la faveur de l'instauration de «transitions consensuelles», selon l'Elysée, les putschistes guinéen et nigérien ont été invités.

Les traditionnels alliés de Paris (Cameroun, Gabon, Congo) ont confirmé leur présence, ainsi que des représentants de l'Union africaine, de l'Union européenne et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. En revanche, l'Ivoirien Laurent Gbagbo boycottera un sommet auquel il ne participe plus depuis 2002.

Le sommet s'articulera autour de trois grands huis clos entre chefs d'Etat portant sur la «place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale», le «renforcement de la paix et de la sécurité», les questions de «climat et développement».

«On ne pourra résoudre aucun problème international majeur sans parler aux Africains. Cela suppose qu'ils aient une juste place dans les institutions internationales (ONU, G20)», explique-t-on à l'Elysée.

Concernant les enjeux environnementaux, Paris cherche à établir une «position commune» avec les pays africains, avant la conférence sur le climat prévu à l'automne à Cancun (Mexique).

«Ce que j'attends de la France - mais aussi de M. Obama-, c'est qu'elle nous aide à être présents là où se prennent les grandes décisions», a confié dimanche le président sénégalais Abdoulaye Wade, au journal Le Parisien.

Si la France vante aujourd'hui un «lien rénové», elle n'oublie pas ses vieux amis: les dirigeants des 14 ex-colonies françaises fêtant leurs 50 ans d'indépendance cette année sont tous invités à un sommet «familial» les 13 et 14 juillet à Paris, avec défilé des troupes sur les Champs Elysées.