Des pirates somaliens ont attaqué par méprise dans la nuit de mardi à mercredi au large des côtes de la Somalie le navire de commandement des forces militaires françaises dans l'océan Indien, qui a fait prisonnier cinq assaillants.

Le Bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) La Somme a été pris à parti par des pirates vers «1H00 locale à 250 milles nautiques (460 kilomètres) au large des côtes somaliennes», a annoncé l'état-major des armées à Paris. L'incident a eu lieu alors que «La Somme faisait route vers des frégates de l'opération (européenne de lutte contre la piraterie) Atalante pour les ravitailler».

Selon l'état-major français, «les pirates, qui, trompés par l'obscurité, ont pris le bâtiment français pour un navire de commerce, étaient à bord de deux embarcations et ont ouvert le feu à la Kalachnikov».

La Somme a alors «pris en chasse l'une des deux embarcations qui s'est immobilisée après une heure de poursuite, l'autre parvenant à prendre la fuite».

À bord, les militaires français ont trouvé cinq hommes mais ni armes, ni eau, ni même nourriture, les assaillants ayant «tout jeté par-dessus bord».

«Il n'y a pas de blessé, ni côté français ni côté somalien» et les cinq assaillants présumés étaient encore «retenus» mercredi à la mi-journée à bord de La Somme, toujours selon l'état-major.

Une source occidentale naviguant dans la zone a confirmé ces informations, faisant cependant état «d'échanges de tirs» entre le navire français et les embarcations des pirates.

Un des esquifs «a réussi à s'échapper à la faveur de la nuit et du fait que La Somme était occupé avec le premier bateau pirate».

«Malgré l'arrivée d'autres bâtiments, ils n'ont pas encore réussi à trouver le deuxième», a expliqué cette même source, précisant que d'autres vaisseaux de guerre dans la zone étaient déjà «occupés à retrouver les pirates qui ont attaqué dimanche un cargo à 100 milles nautiques au nord de l'île Denis (archipel des Seychelles)».

La Somme, un imposant pétrolier-ravitailleur de 160 mètres de long, accueille actuellement à son bord l'état-major de l'amiral commandant les forces navales françaises, mais aussi terrestres et aériennes, de l'océan Indien (Alindien).

Cet état-major participe ainsi à la «Task Force 150», volet naval de l'opération américaine «Enduring Freedom» de lutte contre le terrorisme déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001.

Il a également commandé les opérations conduites pour libérer des équipages de navires français pris en otages par des pirates somaliens, comme celui du voilier Le Ponant en avril 2008.

Il ne s'agit pas de la première attaque visant un bâtiment militaire français. Début mai une frégate de la marine nationale avait déjà été prise pour cible, par méprise, par des pirates somaliens. Plusieurs d'entre eux avaient également été faits prisonniers.

Cet incident illustre la reprise des actes de piraterie au large des côtes somaliennes depuis la fin de la mousson et le retour à une mer calme.

Il fait suite à la capture vendredi d'un thonier espagnol, l'Alakrana, avec 36 marins à son bord.

Les pirates somaliens détiennent actuellement 4 navires étrangers et 134 marins, selon l'ONG environnementaliste Ecoterra International, qui suit les questions de piraterie dans le Golfe d'Aden et l'océan Indien.

Fin avril, au plus fort de leurs attaques, les pirates retenaient jusqu'à une vingtaine de bateaux. Toujours selon Ecoterra, 172 navires ont été pris d'assaut depuis début 2009 -dont 49 ont été capturés-, avec au moins neuf attaques par erreur sur des navires de guerre en patrouille.