Les Gabonais choisissent dimanche le successeur du président Omar Bongo, décédé en juin, lors d'un scrutin à tour unique serré et tendu, pour lequel l'un des favoris est Ali Bongo, fils aîné du défunt resté 41 ans au pouvoir.

A l'occasion du scrutin, les frontières terrestres et maritimes du Gabon ont été fermées vendredi soir et le demeureront jusqu'à jeudi 19H00 (HAE), selon un arrêté du ministre de l'Intérieur.

Le gouvernement «a pris toutes les mesures nécessaires de sécurité pendant et après le vote», a assuré le Premier ministre Paul Biyoghé Mba.

Ali Bongo, 50 ans, investi par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pu profiter de la machine électorale de cette formation qui contrôle l'administration. Officiellement, le PDG a remporté haut la main toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990.

Face à lui, il y avait 22 candidats jusqu'à l'annonce, vendredi, du désistement de cinq d'entre eux pour l'ex-ministre de l'Intérieur (2005-2009), André Mba Obame.

Cette présidentielle est la première considérée comme ouverte au Gabon, après quatre décennies de pouvoir d'Omar Bongo. Mais l'opposition n'aura pas réussi à s'entendre sur un candidat commun.

Vendredi, l'équipe de Mba Obame a annoncé le désistement en sa faveur de onze candidats, dont l'ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba. Ce dernier a démenti, comme d'autres de moindre envergure qui ont parlé de manipulation.

Au final, cinq candidats ont confirmé leur ralliement, dont l'ex-Premier ministre Jean Eyéghé Ndong et l'ex-opposant rallié au régime Paul Mba Abessole.

Samedi soir, le président de la commission électorale, René Aboghé Ella, a invité les autorités électorales à retirer de quelque 3.000 bureaux de vote prévus dans le pays et à l'étranger les bulletins des cinq candidats sortis de la course et à procéder à un dépouillement «public» à la fin du scrutin.

Sans renier la figure d'Omar Bongo, tous les candidats - y compris ceux restés longtemps dans les arcanes du pouvoir - ont reconnu le peu d'efforts de développement réalisés sous son régime, réputé clientéliste et corrompu.

Les quatre «grands» présidentiables - Bongo fils, Mba Obame et Oyé Mba, l'opposant radical Pierre Mamboundou - ont tous promis un partage plus équitable des ressources pétrolières, minières et forestières du pays.

Durant la campagne électorale de deux semaines qui prend fin samedi, Ali Bongo a été la cible de la plupart des candidats et du slogan «TSA: Tout sauf Ali». Beaucoup ont estimé qu'il ne pouvait gagner sans tricher.

Plusieurs présidentiables ont dénoncé la liste officielle des 813.164 électeurs pour une population jeune estimée à 1,5 million d'habitants.

Les bureaux de vote seront ouverts de 07H00 à 18H00 locales (02H00 à 13H00 HAE). Les premières estimations devraient tomber après «quelques heures», mais les résultats complets provisoires ne seraient communiqués que le lendemain ou le surlendemain du scrutin.

pour l'Union africaine, les Organisations internationale de la Francophonie et de la conférence islamique (UA, OIF, OCI). Une ONG locale, l'Observatoire national de la démocratie, a affirmé n'avoir pas obtenu d'accréditation pour 200 personnes qu'elle avait formées à la supervision électorale.

Reporters sans frontières (RSF) a cependant dénoncé un «accès restreint des journalistes aux bureaux de vote, de sévères mises en garde, intimidations, refus d'accréditations pour certains médias étrangers».

De nombreux observateurs et candidats ont affirmé craindre des troubles post-électoraux. Faisant état «de nombreux signaux inquiétants» laissant présager «des affrontements» après le scrutin, 21 intellectuels et universitaires, ont appelé samedi à l'apaisement.