La justice zimbabwéenne a inculpé mercredi neuf militants des droits de l'Homme, dont la directrice renommée d'une ONG, de recrutement en vue d'un complot contre le régime, avant d'ordonner qu'ils soient transférés de leur lieu de détention dans un hôpital où ils seront sous «surveillance policière».

Jestina Mukoko, directrice du Zimbabwe Peace Project (ZPP), et huit autres militants, ont été accusés d'avoir recruté ou incité des personnes pour suivre un entraînement militaire au Botswana dans le but de renverser le gouvernement du président Robert Mugabe, a affirmé à l'AFP un avocat de la défense.Les chef d'inculpation n'ont pas été lus à l'audience mais le procureur Florence Ziyambi a parlé de complot présumé. «Les accusations sont relatives au recrutement pour banditisme», a-t-elle ajouté.

«Le gouvernement du Zimbabwe s'est plaint que le Botswana entraînait des insurgés (...) dans le but de renverser le gouvernement (zimbabwéen). C'est à ce moment que les services de sécurité ont appréhendé les accusés», a-t-elle poursuivi.

Jestina Mukoko avait été enlevée chez elle le 3 décembre par des hommes armés se présentant comme des policiers et retenue dans un lieu inconnu. L'Union européenne (UE) avait demandé sa libération le 12 décembre.

La directrice du ZPP, qui travaillait notamment sur les violences lors des élections du printemps dernier, est accusée d'avoir organisé le voyage au Botswana d'un policier zimbabwéen qui devait y suivre un entraînement militaire, selon un communiqué de la police diffusé mercredi matin.

Lors de cette audience, les neuf inculpés ont été placés en détention provisoire jusqu'au 29 décembre. Les avocats des militants ont déposé une demande de remise en liberté.

Dans la soirée, la Haute cour du Zimbabwe a ordonné que les neuf militants soient transférés de leur lieu de détention provisoire à un hôpital de Harare où ils seront «sous surveillance policière» jusqu'à la prochaine audience prévue le 29 décembre.

Le juge n'a pas expliqué sa décision.

Mais un avocat de la défense a avancé que les militants avaient pu être torturés. «Il y a des allégations selon lesquelles ils ont été torturés», a déclaré Me Beatrice Mtetwa.

Le juge Omarjee a aussi ordonné la libération immédiate de 23 autres personnes, déclarant leur détention «illégale».

Les autorités zimbabwéennes accusent régulièrement le Botswana d'accueillir des militants cherchant à renverser le président Mugabe.

Tant le Botswana que le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti d'opposition qui a remporté la majorité au Parlement en mars, ont démenti les accusations de complot contre le régime zimbabwéen.

Plusieurs dizaines de militants de l'opposition et de défense des droits de l'Homme ont été portés disparus ces derniers mois, pour la plupart enlevés à leur domicile dans des circonstances semblables à celles de Jestina Mukoko.

Quatorze de ces personnes ont été localisées et onze sont toujours portées disparues, a déclaré mercredi Irene Petras, de l'association Avocats zimbabwéens pour les droits de l'homme (ZLHR), avant l'audience de Jestina Mukoko.