En revenant dans le camp de déplacés de Kibati, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), Innocent, 14 ans et le visage poupin, en est sûr: il va retrouver ses parents, dont des humanitaires ont retrouvé la trace. Mais l'espoir est de courte durée.

Innocent vivait depuis environ un an dans le camp de Kibati, où il avait trouvé refuge à cause des combats récurrents entre rebelles de Laurent Nkunda et armée congolaise.

Mais la semaine dernière, des affrontements à l'arme lourde ont éclaté dans les environs du camp, situé à environ 12 km au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. La panique s'est emparée du camp, des milliers de personnes ont fui, et Innocent a perdu la trace de sa mère, son père et ses quatre frères et soeurs.

L'adolescent a alors trouvé un nouveau toit à quelques kilomètres de là, au centre Don Bosco, qui accueille des enfants.

Au centre, on s'active, avec l'organisation non-gouvernementale Save the children, pour tenter de réunir les nombreuses familles disloquées. Il semble que les parents d'Innocent ont été retrouvés.

Direction Kibati où tombe une pluie drue. Innocent, avec d'autres enfants dans la même situation que lui, essaient de se frayer un passage entre les tentes prêtées par les Nations unies, les femmes qui cuisinent à même le sol boueux, et les blocs de lave solidifiée venus du volcan Nyiragongo tout proche.

Un employé de Don Bosco, Jean-Marie Bwami, se dirige vers la tente censée abriter la famille du garçon.

«Ils ne sont plus là», constate-t-il penaud.

Après une rapide enquête, il s'avère impossible de savoir où ils sont partis.

«Ca va», insiste Innocent, le visage grave mais d'une voix assurée. Pour lui, il n'est pas question de rentrer dans son village de Rugari, 25 km plus au nord, pour vérifier si ses parents y sont retournés. «Il y a plein de guerres» là-bas, explique-t-il.

Jean-Marie, un petit garçon de 10 ans très timide, est lui plus chanceux.

Accompagné aussi du personnel Don Bosco, il arrive à l'extrémité ouest du camp, quand il voit sa mère sortir d'une tente. Il dépose dans la boue son maigre matelas et sa couverture, enfermés dans un sac plastique, et va se placer debout aux côtés de sa maman. Silence pendant quelques minutes.

«Je suis heureuse de le voir», lâche finalement sa mère, Jeannette, 40 ans. «Je demandais à tout le monde s'il l'avait vu. J'avais entendu dire que des enfants étaient allés au centre (Don Bosco). Je me préparais à y aller», ajoute-t-elle, habillée du pagne traditionnel.

Jean-Marie va désormais habiter dans une tente à peine assez grande pour deux et qui abrite déjà sa mère et quatre autres enfants.

Innocent s'apprête lui à rentrer au centre Don Bosco. «J'aime bien être là-bas. J'étudie», affirme-t-il, en mâchant le col de son tee-shirt aux couleurs délavées.