Le gouvernement a promis de «châtier» les soldats qui se sont livrés cette semaine à des pillages dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où la tension restait vive mercredi au lendemain de combats entre rebelles et armée.

«Notre principe est la tolérance zéro pour punir ce comportement qui discrédite notre armée», a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, interrogé sur les pillages et exactions auxquels se sont livrés des soldats dans la région de Kanyabayonga lundi et mardi.

«Quiconque aurait commis des exactions sera châtié», a-t-il assuré à l'AFP.

Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Gabriel Amisi, est arrivé mercredi à Kanyabayonga pour faire le point de la situation, a-t-on appris de source militaire.

L'armée congolaise, en pleine restructuration depuis la fin de la guerre de 1998-2003, commet régulièrement viols, pillages et assassinats de civils. Mal payés et indisciplinés, ses soldats étaient responsables de 40% des violations des droits de l'Homme enregistrées en RDC dans les six derniers mois de 2006, selon l'ONU.

Les pillages dans la région de Kanyabayonga ont duré 24 heures, entre lundi et mardi après-midi. Mercredi matin, la situation était calme à Kanyabayonga, où la Mission des Nations unies en RDC (Monuc) «a renforcé ses forces», a assuré à l'AFP le porte-parole militaire de la Monuc, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.

«L'armée congolaise a arrêté des pilleurs et rendu des véhicules pillés à leurs propriétaires», a-t-il ajouté, précisant cependant que la tension restait vive.

Des rumeurs non fondées d'infiltrations rebelles, ainsi qu'un redéploiement de l'armée régulière avaient créé lundi un vent de panique parmi les militaires qui s'étaient mis à piller, poussant les populations à fuir.

Les violences dans la région de Kanyabayonga n'ont pas provoqué de mouvements sur la ligne de front la plus proche, située une quarantaine de kilomètres plus au sud et qui sépare rebelles de Laurent Nkunda et armée congolaise, selon la Monuc.

Sur un autre front, à une centaine de km plus au sud, la tension restait vive mercredi après les combats de la veille au soir dans la zone de Kibati, à une quinzaine de kilomètres seulement de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.

Deux corps de soldats congolais se trouvaient à une vingtaine de mètres du premier poste avancé des rebelles, a constaté un photographe de l'AFP.

La rébellion de Laurent Nkunda a elle affirmé qu'il n'y avait «aucun survivant» dans la «compagnie» de l'armée engagée, soit 125 hommes. Ce bilan n'était pas vérifiable de source indépendante.

Les deux camps étaient toujours séparés mercredi par quelques centaines de mètres, comme c'était déjà le cas ces derniers jours, une situation jugée très dangereuse par la Monuc qui veut à tout prix éviter que Goma, ville d'un demi-million d'habitants, ne tombe entre les mains des rebelles.

Les hommes de Laurent Nkunda sont positionnés dans cette zone depuis le 30 octobre, après deux mois de combats dans le Nord-Kivu contre l'armée. Le chef rebelle, qui se pose notamment comme un défenseur de la communauté congolaise tutsi, a menacé de renverser le gouvernement, qui refuse de négocier directement.

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a de nouveau discuté mardi de la situation en RDC, mais sans prendre de décision sur les appels à un renforcement de la Monuc. Celle-ci compte actuellement 17.000 soldats et souhaiterait 3.000 hommes supplémentaires.