L’avenir des grandes villes de la planète était incertain au début de la pandémie : verrait-on un exode irréversible des populations vers la banlieue ou les zones rurales ? Les dernières données semblent indiquer que les citadins sont plutôt heureux de leur sort, même si certains ont bel et bien tourné le dos à la ville.

Une récente étude réalisée par le King’s College de Londres et l’Université de Paris montre que 63 % des habitants de Londres et 59 % des habitants de Paris sont satisfaits de leur quartier comme milieu de vie. En 2019, avant la pandémie, ils étaient respectivement 64 % et 53 % à être de cet avis.

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PHOTO PATRICK T. FALLON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Pleine lune au-dessus des monts San Gabriel près de Los Angeles

Sept personnes sur dix interrogées dans les villes de New York, Los Angeles, Chicago, Houston, Phoenix et Philadelphie disent préférer vivre dans une grande ville, selon un sondage Bloomberg/Harris mené auprès de 1200 personnes plus tôt cette année. Parmi les personnes interrogées, 8 % seulement ont déclaré qu’elles préféreraient vivre en banlieue.

Broadway à guichets fermés

PHOTO EDUARDO MUNOZ, REUTERS

Les spectateurs sortent du théâtre Richard Rodgers après une représentation de Hamilton à Broadway, à Manhattan, New York, le 14 septembre dernier.

Symbole de la vitalité retrouvée de New York, la réouverture des grands théâtres de Broadway le 14 septembre s’est faite à guichets fermés : pour la première fois depuis le début de la pandémie, les salles étaient remplies. Les spectateurs devaient montrer une preuve vaccinale à leur arrivée, de même que porter le masque en tout temps, à l’exception d’endroits désignés pour boire ou manger.

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PHOTO JAMES MACDONALD, ARCHIVES BLOOMBERG

Vue du centre-ville de Toronto

C’est le nombre de personnes qui ont quitté Toronto, Montréal et Vancouver entre juillet 2019 et juillet 2020, selon les plus récentes données de Statistique Canada. Dans les trois années qui ont précédé cette période, la moyenne des départs était de 72 686. La pandémie semble donc avoir tout de même eu un effet négatif sur certaines villes.

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C’est la proportion de personnes de moins de 45 ans parmi celles qui ont quitté les grandes villes du Canada, selon Statistique Canada.

Des citadins moins fiers

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Des passants déambulent dans la rue Sainte-Catherine, à Montréal.

Les Montréalais disent en majorité (67 %) être fiers de leur ville. C’est toutefois moins que les gens qui habitent en banlieue, qui sont 83 % à être de cet avis, selon un sondage réalisé par Radio-Canada en 2020.

Chaque année, des gens arrivent en ville et des gens partent, généralement vers la banlieue. Avec la COVID-19, on a fermé la frontière, alors moins de gens sont arrivés, et le mouvement de ceux qui partent s’est peut-être accéléré un petit peu. Ça ne prend pas de gros mouvements pour que ça ait l’air d’un exode. Mais dans un exode, on laisse la maison vide derrière nous. À Montréal, des maisons vides, il n’y en a pas : juste au niveau des prix, on voit que c’est pratiquement impossible d’avoir un deal.

Jean-Philippe Meloche, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal

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PHOTO ALBERTO PEZZALI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le célèbre Tower Bridge de Londres

C’est la proportion des Londoniens qui se disent satisfaits des services municipaux qu’ils reçoivent, notamment en ce qui a trait aux écoles, aux transports et à la police. Il s’agit d’une forte hausse : en 2019, avant la pandémie, à peine 37 % étaient de cet avis, selon une enquête réalisée par le King’s College de Londres et l’Université de Paris. À Paris, le niveau de satisfaction envers les services municipaux est passé de 41 % à 51 % durant la même période.

Les nouveaux arrivants et les étudiants viennent s’installer en ville, et rien n’indique que ce mouvement-là va s’arrêter. Les gens ne changent pas de pays pour le plaisir : généralement, c’est pour améliorer leurs conditions de vie. Je ne pense pas que la place de Montréal, du Québec ou du Canada dans le monde s’est détériorée pour renverser les flux migratoires. Même chose avec le centre-ville : on n’y va plus parce qu’on nous demande de ne pas y aller. Éventuellement, il y aura des retours, pas comme c’était avant, mais le fait de vouloir être dans des lieux à forte densité, de socialiser, je ne pense pas que tout ça a disparu.

Jean-Philippe Meloche, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal

Des changements appréciés

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’avenue du Mont-Royal s’est faite plus accueillante pour les piétons.

Rues désertes, commerces fermés… les villes ont dû innover pour retrouver leur dynamisme après le Grand Confinement. Montréal, par exemple, a fermé certaines rues commerciales aux automobiles pour encourager le retour des clients et faire plus de place aux piétons. Or, bien que controversée, cette piétonnisation semble avoir été appréciée de la population. Quelque 80 % des répondants ont dit être satisfaits de la piétonnisation d’une portion de l’avenue du Mont-Royal, et 83 % ont dit apprécier la piétonnisation de la rue Wellington à Verdun, selon un sondage dévoilé en 2020 par la Ville de Montréal.