En avril et en mai 2002, bien avant la rédaction des notes internes du ministère de la Justice cautionnant des méthodes d'interrogatoire assimilées à la torture, l'administration Bush a autorisé les agents de la CIA à recourir à ces mêmes méthodes non pas principalement pour stopper une autre attaque terroriste mais pour découvrir un lien entre l'Irak et Al-Qaeda, histoire de justifier la guerre à venir. Telle est l'accusation que formule dans ce billet Lawrence Wilkerson, ex-directeur de cabinet de Colin Powell du temps où celui-ci était secrétaire d'État.

Wilkerson, qui écrit sur le blogue de Steve Clemons, The Washington Note, ne laisse aucun doute sur le responsable de cette politique : Richard Bruce Cheney, à propos duquel j'ai signé aujourd'hui dans La Presse un article intitulé «Qu'est-ce qui fait courir Dick Cheney?» En effet, pourquoi l'éminence grise de l'administration Bush, reconnue pour sa discrétion, se retrouve-t-elle aujourd'hui sur toutes les tribunes? La réponse se trouve peut-être dans le texte de Wilkerson. J'en cite un extrait traduit par Yvon Thivierge, un de nos collaborateurs :

Leur effort était si féroce que dans le cas d'un détenu, même après que les interrogateurs eurent signifié au bureau de Cheney qu'il était «conciliant» (manière de dire que l'équipe recommandait la fin de la torture), ledit bureau leur ordonna de continuer de le torturer. Le détenu n'avait encore révélé aucun contact entre Al-Qaeda et Bagdad. La torture cessa seulement quand Ibn al-Shaykh al-Libi, soumis à la simulation de noyade en Égypte, «révéla» de tels contacts. Nous avons bien sûr appris plus tard qu'al-Libi les avait révélés uniquement pour faire cesser la torture.

De tels contacts n'ont effectivement pas eu lieu.