Si j'étais Barack Obama, je ferais des photocopies de cet éditorial du Washington Post et je les épinglerais à la porte des bureaux de tous les élus républicains du Congrès qui ont signé la «promesse» de Grover Norquist de s'opposer à toute hausse d'impôts.

Qui est Norquist? Un lobbyiste à la tête d'une organisation appelée Americans for Tax Reform. Depuis 1985, il a réussi à faire signer sa «promesse» à presque tous les élus républicains du Congrès. Quand George Bush père a rompu cette promesse en 1990, Norquist a juré d'avoir sa tête. Il l'a eue.

Dans la crise de la dette qui se déroule ces jours-ci à Washington, la «promesse» de Norquist est souvent mentionnée pour expliquer le refus des républicains d'accepter l'approche de Barack Obama pour réduire les déficits, une approche combinant des coupes budgétaires et une augmentation des recettes de l'État.

Or, Norquist a confié à l'auteur de l'éditorial du Post qu'il ne considérerait pas le non renouvellement des allégements fiscaux consentis sous l'ère Bush comme une augmentation des impôts. L'élimination de ces baisses d'impôts (qui devaient à l'origine prendre fin au bout de dix ans) augmenterait les recettes de l'État de 4 000 milliards de dollars sur dix ans (le plan Obama prévoit des coupes d'environ 3 000 milliards de dollars et une hausse des recettes d'environ 1 000 milliards de dollars). De dire Norquist au Post :

«Ne pas continuer une réduction d'impôts n'est pas une augmentation d'impôts. Nous ne verrions pas cela de cette façon (comme une trahison de la promesse).»

On verra dans les prochains jours si cette déclaration aura un impact sur les négociations entre la Maison-Blanche et les républicains du Congrès, dont plusieurs se comportent comme s'ils faisaient partie d'un «culte», pour reprendre l'expression du sénateur démocrate d'Iowa Tom Harkin :

«C'est triste à dire mais l'Amérique n'a plus un système à deux partis. Une de nos partis s'est transformé en une sorte de culte animé par une seule et unique obsession : préserver les exemptions fiscales des riches à tout prix.»