À quoi attribuer la crise humanitaire provoquée par l'afflux massif d'enfants clandestins venus pour la plupart d'Amérique centrale et passés aux États-Unis par la frontière mexicaine - 52 000 sont arrivés depuis le mois d'octrobre sans être accompagnés de parents, soit deux fois plus que l'année dernière à la même époque?

Les républicains n'hésitent pas à lier cette vague à la décision de l'administration Obama de mettre fin aux expulsions de jeunes clandestins âgés de moins de 30 ans et arrivés sur le territoire américain avant l'âge de 16 ans, entre autres critères. «C'est un problème spécifique généré par l'impression que, si vous allez en Amérique, vous pouvez y rester», a déclaré dimanche le sénateur de Caroline-du-Sud Lindsay Graham, qui a accusé l'administration d'avoir envoyé de mauvais signaux.

De son côté, l'administration Obama met l'afflux sur le compte des problèmes endémiques du Guatémala, du Salvador et du Hondruas - gangs, drogue et violence -, qui incitent les parents de ces pays à payer des passeurs pour permettre à leurs enfants d'y échapper. Un phénomène qui aurait été encouragé par une rumeur voulant que le gouvernement américain délivre des permis de séjour pour mineurs.

Le New York Times fournit aujourd'hui une autre explication, qui serait la bonne. Et cette explication est un exemple parfait de la loi des conséquences imprévues : dans les dernières heures de l'administration Bush, le Congrès a approuvé à l'unanimité une loi destinée à freiner le trafic d'enfants.

Aux termes de cette loi, les enfants arrivant aux États-Unis sans parents et originaires d'un autre pays que le Canada et le Mexique ne peuvent être retournés immédiatement dans leurs pays d'origine. Ils ont désormais le droit d'être représentés par un avocat devant un juge d'immigration chargé de déterminer leur statut.

La loi nécessite en outre que les enfants soient pris en charge par le département de la Santé et des Services sociaux et non par celui de la Sécurité intérieure.

Ce système est aujourd'hui débordé, d'où les conditions parfois déplorables dans lesquelles se retrouvent les enfants clandestins à leur arrivée aux États-Unis.

La semaine dernière, Barack Obama a annoncé son intention de réclamer de nouveaux pouvoirs afin de renvoyer plus rapidement chez eux les mineurs. Après avoir entendu les critiques des défenseurs des droits des immigrés, il a décidé d'attendre avant de franchir cette étape.