«Métamorphose» : le Wall Street Journal utilise ce mot dans un billet sur l'interview remarquable accordée par Hillary Clinton à Jeffrey Goldberg et publiée dimanche. Selon Bret Stephens, les critiques formulées par l'ancienne secrétaire d'État à l'égard de Barack Obama auraient très pu se retrouver dans la page éditoriale très à droite de son journal.

«Les grandes nations ont besoin de principes directeurs, et "ne pas faire des choses idiotes" n'est pas un principe directeur», a confié Clinton à Goldberg en faisant allusion à un slogan cher au président. Dans la même interview, elle a reproché à son ancien patron d'avoir créé un vide en Syrie «rempli par les djihadistes», faute d'avoir aidé militairement l'opposition anti-Assad.

Mais Stephens demeure sceptique face à la «métamorphose» de Clinton, comme on peut le constater dans ce passage de son texte :

«Il y a quelques explications possibles [aux critiques d'Hillary Clinton]. L'une est que les points de vue exprimés dans l'interview sont sincères et ancrés depuis longtemps et qu'elle a toujours été secrètement une néo-conservatrice [...] Une autre est que Mme Clinton est capable de lire un sondage : les Américains désapprouvent désormais la gestion des affaires étrangères d'Obama par une marge de 57% à 37%, et elle a besoin tardivement de désavouer les conséquences des politiques qu'elle a déjà défendues. Une troisième est qu'elle croit tout ce qu'elle dit, au moins au moment où elle le dit. Elle est une Clinton, après tout.»

Stephens oublie de mentionner que Clinton a souligné son différend avec Obama sur la Syrie dans Hard Choices, ses mémoires publiés récemment. Mais l'ex-secrétaire d'État énonçait ce différend de façon beaucoup plus diplomatique.

Chose certaine, Obama n'a pas employé de son côté la langue de bois récemment pour dénoncer le point de vue selon lequel il aurait dû armer l'opposition «modérée» en Syrie. «Horseshit», a-t-il dit pour qualifier cette opinion devant un groupe d'élus républicains et démocrates du Congrès, selon cet article du Daily Beast.

Le président estime illusoire l'idée que cette opposition formée d'«anciens docteurs, fermiers, pharmaciens et ainsi de suite» aurait pu tenir tête à l'armée syrienne.

Ai-je besoin de traduire le mot horseshit?

P.S. : Deux chroniqueurs du New York Times, David Brooks et Frank Bruni, reviennent aujourd'hui (ici et ici) sur l'interview de Clinton à Goldberg.