«Il y a exactement deux ans, trois journalistes et moi travaillions avec fébrilité dans une chambre d'hôtel de Hongkong, attendant de voir comment le monde réagirait face à la révélation que l'Agence nationale de la sécurité (NSA) enregistrait des informations relatives à presque chaque appel téléphonique aux États-Unis.»

Ainsi commence une tribune signée par Edward Snowden et publiée aujourd'hui dans quatre journaux internationaux, dont le New York Times et Libération. Dans ce texte écrit depuis Moscou, l'ancien analyste du renseignement qualifie de «victoire historique pour les droits de chaque citoyen» la décision du Congrès américain de mettre fin à la collecte massive des métadonnées téléphoniques des Américains par la NSA.

Mais la fin de cette surveillance de masse n'est que «la dernière conséquence en date d'une prise de conscience mondiale», selon Snowden, qui donne notamment en exemple les nouvelles restrictions à ce type d'activités imposées par «des institutions à travers l'Europe» et les efforts de citoyens brésiliens qui ont mené à l'adoption du Marco Civil, la première Déclaration des droits de l'Internet au monde.

Mais la guerre est loin d'être gagnée, avertit Snowden. L'Américain dénonce les chefs des services secrets en Australie, au Canada et en France qui «ont exploité des tragédies récentes afin d'essayer d'obtenir de nouveaux pouvoirs intrusifs».

«Pendant que vous lisez ceci, le gouvernement en prend note», ajoute-il en critiquant l'interception et la surveillane «sans précédent» des métadonnées révélant les liens personnels et centres d'intérêt d'internautes ordinaires. Au nom de la lutte contre le piratage, la NSA a d'ailleurs accru ses pouvoirs de surveilance, a révélé le New York Times dans cet article publié en ligne hier et inspiré de documents obtenus par Snowden.

L'ancien analyste n'aborde pas la plus grande ironie de cette histoire. Pendant que le Congrès adopte une loi inspirée par ses révélations, il est toujours considéré comme un criminel par le gouvernement américain, qui a porté plainte contre lui en vertu des lois sur l'espionnage datant de la Première Guerre mondiale.