Le 18 novembre, Donald Trump accepte de verser 25 millions de dollars à l'État de New York pour échapper à un procès pour fraude intenté au nom de milliers d'Américains qui s'étaient inscrits à son «université». Le lendemain, le président désigné utilise son compte Twitter pour accuser les membres de la distribution de la comédie musicale Hamilton d'avoir harcelé Mike Pence et les somme de s'excuser. Les médias oublient le règlement sans précédent d'une affaire entachant la réputation de l'homme qui avait accusé Hillary Clinton d'être la corruption incarnée.

Le 26 novembre, le New York Times publie sur son site une longue enquête sur les multiples conflits d'intérêts potentiels qui attendent le 45e président, dont l'empire commercial se déploie dans au moins 20 pays (l'étendue exacte de cet empire demeure inconnue, de même que la liste complète des prêteurs du magnat de l'immobilier, en raison de son refus de publier ses déclarations de revenus). Le lendemain, Trump utilise son compte Twitter pour affirmer que Clinton doit son avance de près de 2,25 millions de voix dans le vote populaire à des «millions» d'électeurs illégaux et que le vote dans trois États - New Hampshire, Virginie et Californie - a été entaché par des fraudes électorales. Les médias ignorent largement la question des conflits d'intérêts apparents ou avérés auxquels s'expose Trump.

On trouve ici l'article du Times et ici celui que je signe aujourd'hui dans La Presse sur le même sujet.

Il se peut que Trump ait eu recours à Twitter le 19 novembre et hier par pure coïncidence. L'idée d'un recomptage au Wisconsin ajouté à l'avance croissante de Clinton dans le vote populaire a peut-être suffi à lui faire perdre les pédales. Mais force est d'admettre que le président désigné a le don de détourner l'attention du public des questions importantes touchant à sa probité, ou plutôt à son manque apparent de probité.