La lettre de Comey fait référence à la missive envoyée par l'ancien directeur du FBI James Comey au Congrès annonçant la réouverture de l'enquête sur les courriels d'Hillary Clinton, à 11 jours de l'élection présidentielle. Plusieurs analystes estiment que cette lettre a eu un effet plus grand sur le vote du 8 novembre 2016 que l'ingérence russe.

Pourquoi parle-t-on aujourd'hui de cette lettre? Le Washington Post l'évoque dans un article publié cet après-midi concernant Andrew McCabe, qui a été forcé hier de quitter son poste de directeur adjoint du FBI. Selon le quotidien, l'inspecteur général du ministère de la Justice s'intéresse au rôle joué par ce dernier dans la gestion de cet épisode.

McCabe a appris fin septembre ou début octobre 2016 que des agents du FBI avaient découvert des courriels d'Huma Abedin, conseillère de Clinton, dans l'ordinateur de son mari, Anthony Weiner, qui faisait l'objet d'une enquête pour l'envoi de messages à caractère sexuel à une mineure.

Or, pendant trois semaines, McCabe n'a pas donné aux agents du FBI le feu vert pour analyser le contenu de ces courriels (qui ne contenaient rien d'incriminant). L'enquête de l'inspecteur général du ministère de la Justice a pour but de déterminer s'il a bien géré la situation.

Une explication possible : McCabe ne voulait pas annoncer la relance de l'enquête sur Clinton à quelques semaines du scrutin, non pas pour protéger la candidate démocrate mais pour se plier à la longue tradition du FBI et du ministère de la Justice en pareilles circonstances. Pour cette même raison, le FBI n'a jamais dévoilé pendant la campagne présidentielle qu'il enquêtait sur l'équipe de Donald Trump.

Mais la gestion de cette affaire par McCabe ne devait pas fait l'unanimité au sein du FBI, surtout pas à New York, où des agents ne portaient pas Clinton dans leur coeur.

Une chose est certaine : le Wall Street Journal a publié le 24 octobre 2016 un article faisant état des centaines de milliers de dollars versés en 2015 par un comité créé par un allié des Clinton à la femme de McCabe, qui était alors candidate pour un siège au Sénat de Virginie. Après la publication de cet article, un responsable du ministère de la Justice a demandé où en était l'affaire des courriels d'Abedin.

Et nous voilà de retour à la case départ - la lettre de Comey, envoyée au Congrès par le patron de McCabe, quatre jours après l'article du Wall Street Journal.

Cette affaire, qui a contribué à la victoire de Donald Trump, pourrait aujourd'hui servir au président à détourner l'attention du public de l'enquête russe menée par Robert Mueller en montrant que McCabe a agi de façon à protéger Clinton en octobre 2016 - et non, tout simplement, pour se plier à la tradition du FBI et du ministère de la Justice à la veille d'une élection présidentielle.

C'est ce qui s'appellerait faire d'une pierre deux coups.