«Je pense vraiment qu'il est moralement inapte à la présidence», a déclaré James Comey dans une interview publiée ce matin dans le quotidien USA Today, reprenant ses propos tenus la veille lors de son entretien avec le chef d'antenne d'ABC George Stephanopoulos dont on trouve ici la transcription.

Selon l'ancien directeur du FBI, ce jugement s'applique à un homme «qui est capable de voir une équivalence morale à Charlottesville (entre les racistes et leurs opposants), qui traite les femmes comme si elles étaient des morceaux de viande, qui ment constamment et qui semble être dépourvu de cadre moral».

Ces deux premières interviews ne constituaient que le début d'une tournée de promotion pour le livre de James Comey, Une loyauté à toute épreuve: mensonges et vérités (titre de la version française), qui sera disponible demain dans toutes les bonnes librairies, y compris au Québec et dans le reste du Canada.

Les deux premières interviews de Comey, pas plus que son livre, ne contenaient de révélations fracassantes. Mais elles sont de nature à ulcérer Donald Trump. L'ancien directeur du FBI affirme notamment que le président n'incarne pas les valeurs de son pays. Ne croyant pas à l'impeachment comme solution, il appelle par ailleurs ses concitoyens à l'expulser de la Maison-Blanche à l'occasion de l'élection présidentielle de 2020.

Dans son entretien avec le USA Today, Comey s'est dit étonné que le président n'ait jamais critiqué Vladimir Poutine, et ce même en privé.

«Je peux comprendre pourquoi un président ne voudrait pas critiquer publiquement un autre dirigeant. Mais en privé? Assis avec la personne chargée de contrer la menace russe aux États-Unis? Ne pas être capable de faire cela en privé? Cela m'a toujours frappé», a-t-il déclaré avant de préciser qu'il ne pouvait pas écarter la possibilité que les Russes détiennent des informations compromettantes concernant Donald Trump,

Les interviews de Comey ne froisseront pas seulement le président et ses alliés. Plusieurs anciens conseillers d'Hillary Clinton ont réagi négativement hier soir à la façon dont l'ancien directeur du FBI a justifié son annonce concernant la réouverture de l'enquête sur les courriels de l'ancienne secrétaire d'État à 11 jours du scrutin présidentiel de 2016. Comey s'est contredit en disant que sa décision n'avait pas été teintée par des considérations politiques avant de dire le contraire un peu plus tard.

«Je fonctionnais dans un monde où Hillary Clinton allait battre Donald Trump, et donc je suis sûr que ça été un facteur. Elle allait être élue présidente des États-Unis, et si je cachais cela au peuple américain, elle serait vue comme illégitime dès que cela sortirait après son élection», a-t-il dit.