Le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a laissé mardi la porte de l'Alliance atlantique «grande ouverte» à la Géorgie, où il s'est rendu compte des dommages sur le terrain, un mois après le conflit armé avec Moscou.

«Le processus d'élargissement de l'OTAN se poursuivra», a-t-il affirmé lors d'une allocution à l'université de Tbilissi au deuxième et dernier jour d'une visite d'une délégation de l'Alliance dans cette ex-république soviétique.

«La voie de l'OTAN reste grande ouverte à la Géorgie. Nous n'accepterons pas que ces liens soient rompus par des pays extérieurs», a poursuivi le secrétaire général dans une mise en garde à la Russie.

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili, allié de Washington, a de son côté répété que le chemin vers l'entrée de son pays dans l'OTAN était «irréversible» et s'est engagé à faire les réformes demandées par l'Alliance. La Russie qui considère cette région du Caucase comme sa chasse gardée y est farouchement opposée.

Évoquant la reconnaissance par Moscou de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux territoires séparatistes de Géorgie, M. de Hoop Scheffer a enfoncé le clou: «Je ne peux pas dire que la situation a facilité les choses (mais) nous ne nous laisserons pas impressionner par la façon dont les Russes ont reconnu ces régions».

En outre, «la Russie s'est elle-même isolée de la communauté internationale. La Russie s'est punie elle-même», a ajouté le chef de l'OTAN en référence au plongeon du marché boursier russe depuis l'entrée des troupes russes en Géorgie le 8 août en réaction à une tentative de Tbilissi de reprendre par la force l'Ossétie.

S'il a apporté un soutien appuyé à la Géorgie, M. de Hoop Scheffer a toutefois estimé que «punir la Russie» n'était pas la solution. «La voie, c'est d'aider la Géorgie», a-t-il affirmé.

Admettant qu'il ne pouvait pas «prévoir» ce que les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN décideraient en décembre sur la candidature de la Géorgie et de l'Ukraine, il a rappelé la «très importante décision prise» au sommet de Bucarest en avril.

L'Alliance avait alors ouvert la porte à une adhésion future des deux ex-républiques soviétiques à l'OTAN. Mais l'Allemagne, la France et la Belgique s'étaient opposées à l'accession immédiate de la Géorgie au «Plan en vue de l'adhésion» (MAP, selon l'acronyme anglais), qui lui aurait donné le statut formel de candidat.

Au lendemain du premier conseil OTAN-Géorgie à Tbilissi, M. de Hoop Scheffer s'est aussi rendu avec les ambassadeurs des 26 pays de l'OTAN dans la ville géorgienne de Gori, occupée par les soldats russes en août, pour une visite hautement symbolique, notamment dans une caserne en partie détruite.

Guidé par le ministre géorgien de la Défense, David Kezerachvili, il s'est refusé à tout commentaire sur le plan militaire.

«Ils (Russes) ont tout volé dans ce bâtiment, tout le matériel était neuf», lui a expliqué M. Kezerachvili, montrant à M. Scheffer un hangar vide dont les vitres sont brisées.

Non loin de la caserne, M. Schoffer s'est a également visité un camp humanitaire qui abrite quelque 2300 déplacés, venus principalement d'Ossétie du Sud. Il a salué le travail des organisations humanitaire et la mobilisation des membres du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR).

Près des tentes, des réfugiés ont confié à l'AFP leur angoisse encore latente. «Les enfants ici ont encore peur chaque fois qu'ils entendent des avions, ils se cachent sous les lits», a raconté Dato Odiachvili, 52 ans.

«Nous sommes un petit pays, si on ne reçoit pas d'aide militaire, on ne pourra rien faire face aux Russes et nous ne voulons pas des Russes parce que nous ne sentons pas en sécurité avec eux», renchérit Esma Lazarachvili, mère de deux enfants.