Le président José Eduardo dos Santos, qui dirige l'Angola depuis 29 ans sans avoir jamais reçu l'adoubement d'élections crédibles, disposera d'une vaste majorité au Parlement issu des premières législatives organisées depuis la fin de la guerre civile en 2002.

Son parti, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA, d'origine marxiste), maintenait dans la soirée dimanche une avance sans appel avec 81,70% des suffrages, selon les derniers résultats partiels portant sur 67,74% des bulletins dépouillés.

Selon la Commission électorale, qui prévoit d'annoncer les résultats définitifs lundi midi, l'ancienne rébellion, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), stagnait à 10,50% des voix.

Le MPLA, au pouvoir depuis l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise en 1975, a emporté la majorité dans les 18 provinces du pays, tandis que l'Unita a perdu jusqu'à ses anciens fiefs du centre du pays: Bié, Huambo et Benguela.

Le principal parti d'opposition paraissait dimanche sonné par l'ampleur de sa défaite. Les résultats de ces législatives «pourraient ne pas refléter rigoureusement la volonté du peuple», a prudemment déclaré son président, Isaias Samakuva.

«Nous félicitons tous les Angolais pour leur participation massive», a toutefois ajouté devant la presse le président de l'Unita. «Notre pays vient de franchir une étape importante dans la consolidation de la démocratie».

Le chaos qui a régné dans les opérations de vote de la capitale, où 90% des cinq à sept millions d'habitants vivent dans une misère noire côtoyant l'opulence de l'élite, a entaché les opérations de vote, après une campagne paisible bien que marquée par l'omniprésence du MPLA.

Les observateurs de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA) ont relevé l'absence de listes d'émargement des électeurs, le manque de bulletins de vote et des délais dans le dépouillement.

Le responsable des affaires légales de l'Unita, Jardo Mukalia, a d'ailleurs exclu toute autre option que la voie légale pour contester le déroulement du scrutin.

«Quel choix avons-nous ?», s'est-il interrogé lors d'un entretien avec l'AFP. «Nous n'allons pas descendre dans la rue!»

«Notre tâche est de faire en sorte que des leçons soient tirées du processus et nous verrons ce que l'avenir réserve», a dit M. Mukalia, évoquant l'engagement du chef de l'Etat à organiser désormais des élections législatives tous les quatre ans. Une présidentielle est prévue l'année prochaine.

M. Dos Santos, 66 ans dont 29 au pouvoir, n'a jamais été élu à la présidence.

Des élections générales, tenues lors d'une trêve dans la guerre civile en 1992, n'avaient jamais été conclues, les rebelles de l'Unita ayant repris les armes après avoir rejeté les résultats du premier tour. Les combats, qui ont duré 27 ans, ont fait plus de 500 000 morts.

Samedi, l'Unita a déposé une plainte devant la Commission électorale pour dénoncer les conditions du scrutin à Luanda. Le parti décidera en fonction de la réponse de la Commission de saisir ou non la Cour constitutionnelle, a expliqué M. Mukalia.

Pour le MPLA, l'ampleur de la victoire est à double tranchant, a souligné le porte-parole du parti pour la province de Luanda, Manuel Fragata de Morais.

«Nous devons réfléchir très attentivement aux attentes que cette victoire sans appel implique (...). Le peuple angolais nous a placés dans une position où nous ne pourrons pas nous permettre de le décevoir», a-t-il dit à l'AFP.

Les deux tiers des 16 millions d'Angolais vivent avec moins de deux dollars par jour, dans un pays qui dispute au Nigeria la place de premier producteur de pétrole d'Afrique et devrait enregistrer en 2008 une croissance supérieure à 20%.