Une intervention militaire américaine en Géorgie étant exclue, le Pentagone a d'autres cartes en main pour contrer les ambitions de Moscou, estiment des analystes. Reste à savoir laquelle jouer.

Les États-Unis vont-ils renforcer les forces militaires de Géorgie ou d'autres pays limitrophes à la Russie? Vont-ils reconsidérer la baisse prévue de leurs effectifs militaires en Europe, repenser leurs investissements, intensifier leur défense antimissile?

La réponse à ces questions dépendra de la façon dont se dénouera le conflit russo-géorgien, estiment des analystes, qui n'envisagent toutefois pas le retour à la guerre froide.

L'un des enjeux les plus pressants pour les États-Unis et ses alliés est de savoir s'il faut reconstruire les forces géorgiennes, laminées par leurs rivales russes.

Entraînées et équipées par les États-Unis pour combattre en Irak, les soldats géorgiens se sont révélés impuissants face au géant russe, soulignent des analystes.

Les forces armées des pays voisins de la Russie devraient être reconstruites pour faire de «chacun d'eux un hérisson capable de dissuader l'ours russe», estime Frederick Kagan, expert militaire à l'institut American Enterprise.

«L'un des secteurs où l'armée américaine va définitivement augmenter ses ressources financières après l'invasion de la Géorgie par la Russie est la défense stratégique, c'est-à-dire contre l'arme nucléaire», avance de son côté Loren Thompson, à la tête de l'institut d'analyse Lexington.

Selon lui, un conflit comme celui en Géorgie indique clairement que la menace posée par l'arsenal nucléaire russe «supplante toutes les autres considérations».

«La plupart des efforts de la défense antimissile américaine ont été focalisés sur des pays comme la Corée du Nord au cours des dernières années. Cela va peut-être changer», souligne-t-il.

Les Américains pourraient ainsi décider de fournir à ses alliés européens de l'est des dispositifs antimissile. Un premier pas a été fait avec la Pologne, qui recevra dès l'an prochain une batterie antiaérienne Patriot, en échange de l'installation sur son sol d'éléments du bouclier antimissile américain.

La question des effectifs américains présents sur le sol européen est également posée. Avant même le début du conflit en Géorgie, les États-Unis avait pris la décision de freiner leur retrait, choisissant de garder 40 000 hommes sur le terrain pour au moins quelques années.

«La décision de retirer les troupes d'Europe était basée sur la conviction que la Russie était devenue démocratique et pacifique», explique Thompson. «Beaucoup de responsables à Washington vont peut-être y réfléchir à nouveau».

Quoiqu'il en soit, l'attitude de Moscou a remis en question «toutes les bases» du dialogue sur les relations de long terme entre la Russie et les États-Unis, a prévenu ce week-end le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

Le Pentagone a déjà annulé deux exercices militaires conjoints avec la Russie, et l'OTAN a estimé qu'elle ne pouvait maintenir ses relations avec la Russie «comme si de rien n'était» dans la mesure où le président russe Dmitri Medvedev ne respectait pas le plan de paix en Géorgie.