La convention qui désignera Barack Obama comme candidat à la présidence est lancée. Un événement historique qui ne se déroulera peut-être pas sans fausse note, a-t-on pu constater hier à Denver. L'appui du couple Clinton au candidat démocrate continue à être jugé trop tiède.

Hillary a bel et bien lancé un appel à l'unité du parti. Mais, elle a éclipsé une fois de plus son ancien rival. Michelle Obama a tenté de payer les pots cassés en faisant l'éloge de son mari. C'est le discours de Ted Kennedy qui a été le plus puissant. Le vieux lion du Sénat avait tenu à être présent au Colorado même s'il lutte contre le cancer. Un combat politique pour faire élire Barack Obama qui sera peut-être son dernier.

«C'est la convention de Barack Obama. Personne n'a de doute là-dessus.»

>>> Visionnez notre galerie de photos.

C'est ce qu'Hillary Clinton a lancé hier matin, à Denver, aux journalistes. Pourquoi a-t-elle senti le besoin de le préciser? Justement parce qu'on commençait sérieusement à en douter.

Le couple Clinton a pris tellement de place ces derniers jours qu'il a réussi à éclipser Barack Obama. De quoi donner l'impression que c'est Hillary qui a remporté la course à l'investiture démocrate.

La journée a d'ailleurs commencé hier à Denver par une polémique au sujet du discours de Bill, prévu pour demain. L'ancien président se serait dit déçu de prononcer son allocution ce jour-là, sur le thème de la sécurité. Il aurait préféré parler d'économie.

Le site web Politico.com, qui a publié cette nouvelle, a notamment cité un partisan chevronné d'Obama. Ses propos en disent long sur l'animosité qui règne encore entre les deux camps.

Selon cette source anonyme, les adjoints d'Hillary responsables des négociations avec l'équipe d'Obama se comportent comme «ces soldats japonais dans le Pacifique Sud qui continuaient de se battre alors que la guerre était terminée».

Mauvaise perdante?

C'est dans la foulée de cette nouvelle controverse qu'Hillary a été forcée de faire une profession de foi avant même le début officiel de la convention.

Elle l'a faite devant les reporters, mais aussi devant les délégués de l'État de New York. La sénatrice les rencontrait en matinée dans une salle de conférence d'un grand hôtel du centre-ville. «Je demande à chacun de travailler aussi fort pour Barack et Joe Biden que vous l'avez fait pour moi», a-t-elle lancé.

Et d'ajouter: «Nous sommes réunis ici à Denver avec un objectif clair et simple. C'est de sortir (de cette convention) pleins d'énergie, excités et prêts à élire Barack Obama.»

Elle devra livrer ce message avec encore plus d'ardeur ce soir, à l'occasion de son discours devant l'ensemble des participants à la convention. Car jusqu'à tout récemment, son attitude laissait planer de sérieux doutes sur la sincérité de son soutien.

La semaine dernière, lors d'un important discours prononcé en Floride - un État crucial - plusieurs partisans ont remarqué qu'elle offrait son soutien à Obama du bout des lèvres.

La course au leadership démocrate a laissé des plaies qui demeurent ouvertes. Et les agissements du couple Clinton ne font rien pour les cicatriser et unifier le parti.

Preuve ultime: selon un sondage Gallup publié hier, près du tiers des partisans d'Hillary Clinton ont l'intention d'appuyer le républicain John McCain en novembre prochain ou de ne pas exercer leur droit de vote.

Convention cruciale

Hier, sur le site de la convention, les porte-parole et les partisans d'Obama faisaient tout pour minimiser l'importance des divisions au sein du parti.

«Quand cette convention sera terminée, le parti sera fermement unifié. Vous pourrez le sentir», a déclaré Greg Craig, conseiller senior du candidat, lors d'une conférence de presse en milieu de journée.

Les partisans du sénateur de l'Illinois, pour leur part, refusaient de condamner Hillary. Malgré l'insistance de La Presse à souligner les nombreuses sorties peu élégantes du couple Clinton.

«C'est la faute aux médias. Ils devraient cesser de se préoccuper d'Hillary et plutôt écrire sur les problèmes de notre système de santé ou le fait que 6 millions de personnes de plus qu'en 2000 vivent sous le seuil de la pauvreté», a déploré Susan Bottcher, 51 ans, originaire de Floride.

Il reste que les délégués ayant milité pour Clinton durant la course à la direction en ont, eux, gros sur le coeur. Et comme Bill et Hillary, ils n'hésitent pas à le faire savoir aux journalistes.

Si bien que la convention démocrate - un événement habituellement consensuel, considéré comme une formalité depuis quelques décennies - a acquis une importance inédite cette année. Et son issue risque fort d'en dire long sur les chances d'Obama de triompher en novembre.

McCain courtise les partisans de Clinton

Les républicains de John McCain ont commencé à exploiter les divisions entre les partisans d'Hillary Clinton et de Barack Obama. Ils ont d'abord jeté de l'huile sur le feu ce week-end en affirmant que Clinton aurait mérité d'être la candidate démocrate à la vice-présidence, à la place de Joe Biden. Hier, ils ont eu encore plus de toupet. Ils se sont mis à diffuser une pub mettant en vedette une déléguée démocrate qui a retourné sa veste. Debra Bartoshevich, infirmière de 41 ans originaire du Wisconsin, affirme fièrement qu'elle votera pour McCain parce que Clinton n'a pas remporté la course au leadership de son parti. Les démocrates lui ont déjà retiré son statut de déléguée à la convention. Mais sa défection n'est certes pas la bienvenue pour un parti en quête d'unité.