La mondialisation économique et financière est devenue incontournable, pour le meilleur ou pour le pire.

Elle est aussi inévitable pour tout investisseur boursier le moindrement compétent et ambitieux.  

Or, elle est plus accessible que jamais auparavant, même sans sortir un seul dollar de la juridiction canadienne.

> Consultez notre tableau des entreprises québécoises en bourse les plus internationales

Par l'entremise de fonds d'investissement, évidemment. Mais aussi par un investissement direct par les actions d'entreprises d'ici qui sont les plus actives sur les marchés internationaux.

Un nombre croissant d'entreprises dirigées du Québec et cotées en Bourse réalisent la majeure partie de leurs revenus de l'extérieur du pays, montre un relevé inédit effectué par La Presse Affaires.

Parmi ces multinationales d'origine québécoise, on connaît déjà les Bombardier, CAE, et Alimentation Couche-Tard, par exemple, dont les revenus et la capitalisation boursière se comptent en milliards de dollars.

On connaît aussi des entreprises comme CGI et SNC-Lavalin qui, malgré leur taille et leur notoriété, demeurent tout juste sous la majorité de leurs revenus d'origine internationale.

Par ailleurs, le relevé des Québécoises en Bourse les plus internationales révèle plusieurs sociétés de taille moindre et souvent méconnues hors de leur secteur d'activités.

Pourtant, la croissance de leurs résultats et leur tenue boursière sont à faire rougir d'envie leurs aînées sur les marchés mondiaux.

Ces nouvelles multinationales d'origine québécoise attirent aussi de plus en plus l'attention des professionnels du placement boursier.

«Investir dans ces entreprises d'ici qui grandissent le plus sur les marchés étrangers est une façon d'ajouter de l'international dans un portefeuille individuel ou dans un fonds commun, acquiesce Luc Fournier, gestionnaire des fonds d'actions canadiennes à l'Industrielle-Alliance.

«Ces entreprises doivent faire partie des décisions d'investissement. Autrement, on risque de manquer toute la croissance qui a lieu à l'international, en particulier dans les pays à l'économie émergente. »

Des exemples de ces nouvelles multinationales québécoises ?

En métallurgie de haute technicité, la société 5N Plus est en voie de quadrupler ses revenus à quelque 800 millions l'an prochain avec des acquisitions et l'expansion rapide de sa clientèle, déjà presque toute internationale.

En Bourse, la valeur attribuée à 5N Plus est en hausse de 12% cette année aux environs du demi-milliard de dollars. Tous les analystes qui l'ont à l'oeil recommandent l'achat de ses actions.

Aussi en métallurgie, le producteur d'or Semafo émerge de plus en plus comme la première multinationale québécoise de ce secteur, avec une capitalisation boursière au-delà des deux milliards.

Les revenus de Semafo depuis un an viennent de franchir les 300 millions US et son bénéfice net, la barre des 100 millions US.

Ces revenus proviennent presqu'entièrement d'activités aurifères en Afrique de l'Ouest. Semafo prépare aussi une expansion d'au moins 120 millions US à l'une de ses mines au Burkina Faso.

Dans le secteur bio-pharmaceutique, Paladin Labs attire l'attention ces semaines-ci avec ses deux projets d'acquisition simultanés. Ils ciblent les sociétés Afexa (Cold FX) et Labopharm.

Mais en attendant la suite de ces projets au Canada, Paladin se qualifie déjà comme «mini-multinationale» avec plus de 95% des revenus annuels de 130 millions qui proviennent de clients internationaux.

En Bourse, la forte progression du bénéfice de Paladin depuis un an (+414%!) en a fait un titre recherché des investisseurs. Ils l'ont maintenu en hausse de 15% depuis le début de l'année, malgré les soubresauts du marché baissier.

Dans les technologies de télécommunications, la firme Exfo de Québec, qui obtient déjà 90% de ses revenus de l'international, connaît aussi une belle poussée de croissance.

Ses revenus depuis un an viennent de franchir les 260 millions US, en hausse de 50%. Les analystes les voient à plus de 300 millions l'an prochain, avec un bénéfice par action au double de celui déclaré en 2010.

«Exfo démontre une forte position concurrentielle qui lui permet de distancer ses concurrents malgré un marché plus serré pour les équipements de télécoms », notait l'analyste Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale, après les derniers résultats trimestriels d'Exfo.

Dans le marché des travaux d'infrastructure, les activités internationales de la firme d'ingénierie SNC-Lavalin, même encore à 46% de son chiffre d'affaires, lui ont déjà acquis une notoriété de «multinationale» au sein de Québec Inc.

Les analystes lui accordent aussi une faveur quasi unanime, considérant que ses actions en Bourse -en recul de 24% cette année- ont écopé beaucoup plus qu'il n'en faut des inquiétudes envers l'économie mondiale qui agitent les marchés financiers depuis quelques mois.

Entre temps, une autre entreprise québécoise très présente dans le marché international des infrastructures se mérite plus d'attention des investisseurs.

Il s'agit de Stella-Jones, un fournisseur de pièces de bois usiné et traité pour les services publics (électricité, télécoms), les chemins de fer et la construction.

Son chiffre d'affaires qui provient aux deux tiers de l'extérieur du Canada est en croissance de 38% cette année, au-delà des 600 millions. Son bénéfice cumulatif depuis un an a doublé à 48 millions.

En Bourse, la valeur attribuée à Stella-Jones voisine désormais les 550 millions, en hausse de 5% cette année à contrecourant du cycle baissier.

«La demande pour ses produits -poteaux à fils, traverses de rails- est robuste. Ça augure de plusieurs trimestres de solide croissance des revenus», notait  l'analyste Pierre Lacroix, chez Valeurs mobilières Desjardins, après les récents résultats trimestriels de Stella-Jones.

Dans le marché du vêtement, la société Gildan Activewear renforce encore son statut de première multinationale québécoise d'un secteur qui, pourtant, demeure mal aimé parmi les investisseurs.

Gildan vient de franchir le seuil des 1,5 milliard US en revenus cumulatifs depuis un an, en croissance de 33% et réalisés à plus de 90% sur les marchés internationaux.

Le bénéfice de Gildan depuis un an est aussi en hausse de 35% en dépit des soubresauts du marché du coton, le principal intrant de ses usines de t-shirts, de sous-vêtements et de bas.

Pour la suite, Gildan réalise des investissements industriels en Amérique centrale et dans les Antilles afin d'augmenter sa capacité d'un tiers d'ici deux ans. Cette expansion devrait la propulser à près de 2,5 milliards US de chiffre d'affaires, anticipent les analystes qui lui accordent nombre de recommandations favorables.

Des investisseurs boursiers ont déjà profité de ce dynamisme de Gildan.

Ses actions se maintiennent en légère hausse pour l'année 2011 malgré la rechute marquée des marchés au cours des derniers mois.