Agropur promet que dans environ six mois, tous ses produits afficheront le logo avec la petite vache bleue qui fait tant jaser depuis des semaines. La coopérative laitière devra donc redessiner bon nombre de ses emballages et, dans certains cas, changer ses recettes pour s'approvisionner uniquement au Canada.

En novembre 2016, Agropur s'était engagée à apposer sur tous ses produits le logo bleu des Producteurs laitiers du Canada certifiant l'utilisation de lait canadien à 100 %.

« On s'était dit qu'un jour les gens voudraient connaître la provenance de leurs produits. C'est une tendance fondamentale chez le consommateur », a indiqué le chef de la direction d'Agropur, Robert Coallier.

« Le millénial, entre autres, veut savoir d'où viennent ses produits. » - Robert Coallier, chef de la direction d'Agropur

C'est justement ce qui se passe depuis quelques semaines, depuis l'arrivée au pays du lait américain de Coca-Cola et la signature du nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis. Le logo est réclamé par les consommateurs, si bien que Parmalat a fini par accepter de l'ajouter sur son lait Lactantia.

Du côté d'Agropur, l'engouement soudain pour la petite vache était au contraire une bonne nouvelle. « On est très heureux. On l'attendait depuis longtemps ! », lance M. Coallier.

IÖGO ET OLYMPIC CHANGERONT DE LOOK

Or, deux ans après l'engagement de la coopérative, la petite vache est encore absente de plusieurs de ses produits, dont les yogourts Iögo et Olympic, les contenants en plastique de lait Québon, le lait Sealtest (non vendu au Québec) et divers fromages.

Agropur explique que dans le cas des yogourts Iögo et Olympic, l'acquisition d'Aliments Ultima (qui les fabriquait) s'est faite il y a seulement un an. L'intégration étant maintenant terminée, « l'harmonisation des emballages » peut donc commencer.

« Certains emballages sont achetés un an, même un an et demi d'avance », ajoute M. Coallier pour justifier le délai. Parfois, la petitesse du produit, notamment les pointes de fromage, rend l'opération complexe, fait-on aussi valoir.

Agropur soutient que déjà « 97 % de son volume de vente » porte le logo. Il n'a pas été possible de connaître le pourcentage de produits. La coopérative en fabrique 1500 destinés aux consommateurs.

Le logo apparaît notamment sur le lait, la crème et le beurre Natrel, les contenants de lait Québon en carton et le fromage Oka.

CHANGEMENTS DE RECETTE REQUIS

La coopérative doit par ailleurs cesser d'importer certains ingrédients contenus dans ses yogourts et crèmes glacées pour affirmer qu'ils sont 100 % canadiens.

« Il y a cinq produits pour lesquels on regarde les ingrédients. Ils ne sont pas disponibles au Canada, alors on revoit les recettes. » - Véronique Boileau, porte-parole d'Agropur

La porte-parole de la coopérative n'a pas été en mesure de nous donner le nom des ingrédients, mais l'un d'eux provient de Nouvelle-Zélande.

Agropur a-t-elle décidé d'appuyer sur l'accélérateur en raison du nouvel accord de libre-échange convenu avec les États-Unis et de la pression des consommateurs ? Pas du tout, assure Mme Boileau, martelant que c'était un engagement pris il y a deux ans.

UN AN APRÈS L'ENTENTE AVEC L'EUROPE

En ce qui concerne l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, qui a permis une augmentation des importations de fromage, les grands changements se font attendre, un an après son entrée en vigueur.

« Les impacts, ce sera au cours des cinq prochaines années », croit Robert Coallier. Jusqu'ici, les prix ont « très peu » bougé et les nouveautés comme la mozzarella italienne Galbani et le beurre Président sont peu nombreuses, observe-t-il.

Mais le dirigeant s'attend à ce que l'entente « entraîne une offre dans le marché qui sera beaucoup plus agressive » en matière de prix, la taille de l'Europe permettant d'importantes économies d'échelle pour les fromagers.

Dans ce contexte, « il faut s'assurer que le consommateur comprenne que la qualité de nos fromages au Québec et au Canada est excellente, martèle-t-il. On va devoir s'assurer que le consommateur a une préférence pour nos produits versus les produits d'importation. Il n'y a aucun doute que ça met une pression dans le marché, sur les fromagers de toutes les tailles. Il faut trouver la niche pour se démarquer du produit fait en grande masse en Europe. »