(Ottawa) La Banque du Canada ne sait pas exactement quand elle pourra commencer à baisser les taux d’intérêt, car elle continue de lutter contre une inflation encore trop élevée et généralisée, peut-on apprendre dans le résumé de ses délibérations qui ont mené à sa décision du 24 janvier sur les taux.

« Les membres [du conseil de direction] ont estimé que de nouvelles hausses du taux directeur ne pouvaient pas être exclues advenant de nouvelles poussées inflationnistes imprévues. Ils étaient toutefois d’avis que leurs discussions futures sur la politique monétaire viseraient probablement davantage à déterminer pendant combien de temps encore le taux directeur devrait être maintenu à 5 % pour soutenir le processus de désinflation », a indiqué la banque centrale dans le résumé de ses discussions.

« Ils ont reconnu que, d’après l’information disponible, il était difficile de prévoir à quel moment il serait opportun de commencer à abaisser les taux d’intérêt. »

Selon le directeur économique du Groupe Banque TD, James Orlando, il est clair que la prochaine décision de la Banque du Canada sera d’abaisser les taux d’intérêt. Mais la question qui est sur toutes les lèvres est : « Quand ? »

Il affirme que le résumé des délibérations publié mercredi par la banque centrale était « assez cohérent avec son message, c’est-à-dire qu’elle n’est manifestement pas prête à signaler une quelconque volonté de réduire les taux pour l’instant ».

À la fin janvier, la banque centrale a maintenu son taux directeur à 5 %, donnant ainsi plus de temps aux taux d’intérêt plus élevés pour ralentir l’économie et atténuer les pressions sur les prix.

L’inflation annuelle a considérablement ralenti au cours des 18 derniers mois, atteignant 3,4 % en décembre, mais le résumé des délibérations note que les prix de nombreux biens et services continuent d’augmenter à un rythme anormalement rapide.

« Les prix d’un peu plus de la moitié des composantes de l’indice des prix à la consommation progressaient à un rythme supérieur à 3 %, indiquant que les moteurs de la trop forte inflation restaient généralisés », peut-on lire dans le document.

Les économistes s’attendent à ce que la Banque du Canada commence à réduire ses taux d’intérêt vers le milieu de l’année. Leurs prévisions suggèrent que la croissance économique continuera de stagner dans les prochains mois et que l’inflation diminuera, ce qui donnera à la banque centrale la possibilité de prendre cette décision.

Mais la Banque du Canada a répété à maintes reprises qu’elle souhaitait voir davantage de signes que l’inflation annuelle se dirige vers son objectif de 2 % avant d’adoucir sa politique monétaire. Son conseil de direction veut éviter d’agir trop vite et d’ensuite être forcé de faire marche arrière.

« En résumé, les membres du conseil ont convenu qu’ils devaient continuer à bien doser le resserrement monétaire. Ils ne souhaitaient pas rendre les conditions économiques plus difficiles que nécessaire, mais étaient particulièrement préoccupés par la persistance de la forte inflation », est-il écrit dans le résumé des délibérations.

« Leur intention était donc d’éviter d’abaisser les taux d’intérêt prématurément et d’avoir à les relever encore pour ramener l’inflation à la cible de 2 %. »

L’un des défis majeurs auxquels la Banque du Canada fait face est la hausse rapide du coût du logement, qui est désormais le principal moteur d’une inflation supérieure à la cible. En décembre, les coûts liés au logement étaient supérieurs de 6 % par rapport à l’année précédente, ce qui dépassait largement l’inflation globale.

Le conseil de direction de la banque centrale craint qu’un rebond du marché immobilier ce printemps ne puisse maintenir l’inflation au-dessus de son objectif, même si la croissance des prix ralentit ailleurs dans l’économie.