L’année 2023 a pris fin avec un rebond de l’inflation qui pourrait retarder la baisse des taux d’intérêt espérée au printemps.

L’Indice des prix à la consommation a progressé de 3,4 % en décembre à rythme annualisé, après avoir augmenté de 3,1 % en novembre, a fait savoir Statistique Canada mardi. Au Québec, l’inflation est passée de 3,6 % en novembre à 4 % en décembre.

Le rebond de l’inflation était attendu par les prévisionnistes, parce qu’il s’explique surtout par une hausse du prix de l’énergie. « Il est toujours agréable de voir les données sur l’inflation être conformes à nos prévisions. Les bonnes nouvelles s’arrêtent toutefois là », a commenté Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne chez Desjardins.

À y regarder de plus près, l’inflation globale comme les mesures de l’inflation de base privilégiées par la banque centrale s’éloignent de la cible de 2 %. « Nous ne sommes pas sortis de l’auberge », résume Randall Bartlett.

À quand, la baisse des taux ?

Ceux qui comptaient sur une baisse rapide des taux d’intérêt au début de 2024 seront probablement déçus.

Desjardins, qui mise toujours sur une première baisse du taux directeur au milieu de l’année, entend réévaluer sa prévision la semaine prochaine, lors de la prochaine annonce sur les taux de la Banque du Canada, qui sera accompagnée de son premier Rapport sur la politique monétaire de l’année.

D’autres commencent même à douter d’une baisse de taux cette année. C’est le cas de Derek Holt, économiste de la Banque Scotia.

Je pense que beaucoup de choses doivent arriver à partir de maintenant pour que la Banque du Canada puisse réduire ses taux d’intérêt vers le milieu de l’année ou même cette année et, à ce stade, je ne vois tout simplement pas ça.

Derek Holt, économiste de la Banque Scotia

À la Banque Nationale, on prévoit toujours une première baisse de taux en avril. « Les chiffres de décembre sont une déception, convient l’économiste Mathieu Arseneau, mais il ne faut pas baser la politique monétaire sur les pressions actuelles sur les prix parce que l’inflation est un indice retardé. »

L’économie s’affaiblit et devrait se contracter au premier trimestre, le taux de chômage augmente et les pénuries de main-d’œuvre sont chose du passé, souligne-t-il.

L’enquête trimestrielle de la Banque du Canada auprès des entreprises publiée lundi indique que seulement 27 % des entreprises signalent actuellement des pénuries de main-d’œuvre, comparativement à 46 % au troisième trimestre de 2022, rappelle-t-il. « Dans ces conditions, les craintes inflationnistes sont de moins en moins sur notre radar pour 2024 » et les taux devraient baisser au début de 2024.

Le rapport d’inflation de décembre, toutefois, augmente la probabilité que cette première baisse des taux soit retardée, reconnaît-il.

Un sommet en 30 ans

Le taux d’inflation moyen s’est établi à 3,9 % au Canada pour l’ensemble de l’année 2023, après avoir atteint un record à 6,8 % en 2022.

En faisant exception de l’année 2022, le taux moyen d’inflation de 2023 est le plus élevé depuis 1991.

L’inflation a progressé dans toutes les provinces en 2023, mais c’est au Québec que l’augmentation a été la plus importante, à 4 %, comparativement à 6,7 % en 2022.

À l’échelle du pays, toutes les composantes de l’Indice des prix à la consommation ont augmenté en 2023, mais la hausse des prix a ralenti, surtout dans les transports, les aliments et le logement.

En 2023, le prix des aliments a augmenté de 7,8 %, soit moins rapidement qu’en 2022, alors que la hausse avait été de 9,8 %.

À 7,8 %, la hausse moyenne annuelle du prix des aliments reste supérieure à l’augmentation de 3,9 % de l’inflation globale.

Le prix des aliments achetés à l’épicerie a continué d’augmenter en 2023, surtout pour l’huile (16,9 %), la boulangerie (10,7 %) et les céréales (10 %).

Après avoir augmenté de 6,7 % en 2022, le coût d’un repas au restaurant a encore augmenté de 6,5 % en 2023.

La croissance de la composante logement de l’IPC a ralenti en 2023. La hausse globale est de 5,6 % contre 6,9 % en 2022. À l’intérieur de cette catégorie, les loyers ont augmenté plus vite qu’en 2023, de même que le coût de l’intérêt hypothécaire, dont la hausse de 28,5 % en 2023 est la plus importante jamais enregistrée.

La hausse des taux d’intérêt et la croissance de l’immigration sont à l’origine des hausses des loyers de 6,5 % en 2023, après l’augmentation de 4,6 % de 2022.