Les Canadiens à la recherche d’aubaines du Vendredi fou l’ont fait sans être confrontés à de longues files d’attente ou à des centres commerciaux bondés cette année, la forte inflation ayant notamment convaincu certaines personnes de limiter leurs dépenses.

En outre, les détaillants ont étalé leurs soldes sur plusieurs semaines et ont proposé des remises similaires en ligne, éliminant ainsi une partie de la frénésie entourant ce qui était par le passé une grande journée pour le magasinage des Fêtes.

Plusieurs magasins à grande surface de la région de Toronto, tels que Best Buy et Walmart, n’avaient pas les files d’attente qui se formaient jadis tôt en matinée du Vendredi fou.

Le Eaton Centre, au cœur de la métropole, semblait occupé à l’heure du dîner, mais l’activité était plus proche de celle d’un vendredi typique, en comparaison avec les foules et de files d’attente qui marquaient les années précédent la pandémie. Peu de boutiques semblaient avoir des files de clients en attente.

« Nous assistons à une dilution du Vendredi fou en tant qu’évènement de magasinage physique, où les gens se rendent au magasin tôt le matin », a observé vendredi l’analyste du commerce de détail Bruce Winder.

« L’évènement a finalement atteint ce point de basculement où il s’agit beaucoup moins d’une journée de magasinage que d’une période de magasinage. »

Le prolongement des ventes du Vendredi fou a atténué l’urgence pour les consommateurs de faire leurs achats un jour particulier, a expliqué Lisa Hutcheson, associée directrice du cabinet de conseil J. C. Williams Group.

« Le besoin de faire la ligne n’est pas aussi nécessaire, a-t-elle affirmé vendredi. La plupart des détaillants ont déjà des soldes pendant une bonne partie de la semaine. »

L’inflation, un frein aux dépenses

Malgré cet achalandage relativement réduit par rapport aux dernières années, les ventes globales du Vendredi fou devraient être fortes puisque l’inflation intensifie la chasse aux aubaines, estiment les experts.

Pourtant, la hausse du coût de la vie conduira également certains clients à « choisir » davantage leurs dépenses, a estimé M. Winder.

L’inflation, la plus forte en plusieurs décennies, a fait grimper le prix de plusieurs produits de première nécessité, et les hausses de taux d’intérêt opérées par la Banque du Canada pour lutter contre l’inflation ont gonflé les coûts associés, par exemple, aux marges de crédit ou aux hypothèques à taux variable.

Selon M. Winder, les magasins qui proposent des offres exceptionnelles allant jusqu’à 70 % de réduction seront occupés, tandis que les détaillants avec des remises plus timides ne verront pas le même trafic en ligne ou dans les magasins.

« Si vous êtes un détaillant et que vous essayez de vendre quelque chose à 25 % ou 30 % de réduction, cela ne partira pas », a-t-il affirmé.

Certains détaillants, en particulier ceux dont les stocks sont élevés, comme les magasins de vêtements, proposeront probablement des ventes plus importantes en magasin qu’en ligne.

« Si la marchandise est déjà là et qu’ils manquent d’espace, ils voudront la transformer en argent, surtout s’ils n’ont pas l’espace pour la remballer et la conserver pendant une autre année », a-t-il poursuivi.

De la file d’attente au magasinage en ligne

Après plus de deux ans de pandémie, certains Canadiens sont impatients de retourner aux achats en personne, mais d’autres préfèrent maintenant faire leurs achats de cadeaux des Fêtes en ligne.

Bradley Thompson, d’Oakville, en Ontario, a expliqué qu’il prévoyait de faire tous ses achats de Noël au Vendredi fou, mais a assuré qu’il ne mettrait pas les pieds dans un magasin.

« Je ne suis pas un gros acheteur en magasin. Je suis un vrai millénarial dans le sens où je ferai tous mes achats en ligne, a-t-il indiqué. Comme défi personnel, j’essaie de faire tous mes achats de Noël pendant les soldes du Vendredi fou. »

Il vérifie généralement les ventes chez les grands joueurs du secteur, comme Amazon, Walmart et Best Buy, mais il réalise de plus en plus d’achats sur Etsy et auprès de plus petites entreprises locales en ligne.

Dans l’ensemble, il estime que les offres du Vendredi fou qu’il a vues étaient bonnes, mais pas géniales.

« Les remises ne semblent plus aussi importantes qu’avant, mais ils les font durer un peu plus longtemps », a observé M. Thompson.

« L’inflation est folle en ce moment, donc chaque petite économie peut aider. »