(Ottawa) Une meilleure croissance que prévu en novembre a poussé l’économie canadienne au-dessus de son niveau prépandémique pour la première fois en près de deux ans, mais la flambée de cas de COVID-19 attribuables au variant Omicron devrait lui infliger un nouveau revers pour commencer 2022.

Le produit intérieur brut (PIB) réel du Canada a crû de 0,6 % en novembre, enregistrant un sixième mois de croissance consécutif, ce qui l’a entraîné 0,2 % au-dessus de son niveau de février 2020, a indiqué mardi Statistique Canada.

La croissance s’est cependant essoufflée en fin d’année, l’agence fédérale ayant indiqué que son estimation préliminaire pour décembre suggérait que le PIB réel était resté essentiellement inchangé.

Cependant, l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a estimé que la faiblesse pourrait être de courte durée.

Il a notamment fait remarquer que l’économie avait crû en novembre malgré les inondations dévastatrices en Colombie-Britannique, et qu’elle semblait avoir tenu bon en décembre malgré Omicron.

« Nous savons que l’économie peut revenir assez rapidement lorsque les choses vont rouvrir », a observé M. Porter.

« Donc, si jamais cette nouvelle et légère réouverture que nous observons en ce début février devait durer, je m’attends à un joli rebond de l’économie pendant le reste du trimestre. »

Statistique Canada a précisé que son estimation préliminaire porterait la croissance pour l’ensemble de l’année à 4,9 %. Ce résultat, qui ne sera pas finalisé avant le mois prochain, représente un revirement par rapport à 2020, lorsque l’économie canadienne avait connu sa pire année jamais enregistrée, avec une production en baisse de 5,4 %.

L’agence estime en outre que l’économie a augmenté à un taux annualisé de 6,3 % au cours du quatrième trimestre. Si cette cadence s’avère, elle marquera la croissance trimestrielle la plus rapide de l’an dernier.

Croissance des activités en personne

Des gains ont été observés en novembre dans le secteur du commerce de gros, qui a connu sa plus forte croissance mensuelle depuis juillet 2020, et dans celui de la fabrication.

Il y a également eu une croissance dans le secteur de la finance et des assurances, que Statistique Canada a attribuée à des niveaux d’activité anormalement élevés en novembre, les investisseurs ayant déplacé des fonds vers des actifs plus sûrs en raison de l’incertitude liée au variant Omicron lors de son émergence.

Les services d’hébergement et de restauration ont également tous deux enregistré des augmentations, les voyageurs étant plus nombreux et les restrictions sur la capacité, plus souples dans les bars et les restaurants en Ontario et au Québec.

L’équipe masculine de soccer du Canada a également entraîné un gain économique : Statistique Canada a indiqué que les deux matchs de qualification pour la Coupe du monde à Edmonton, en novembre, ont contribué à la croissance de 5,4 % du secteur des arts et du divertissement.

L’économiste Tu Nguyen, de la société de conseil RSM Canada, a indiqué que le taux de vaccination élevé au Canada avait contribué à la reprise.

« Cela nous a permis de remplir les arénas, les salles de spectacles, les hôtels et les restaurants, et nous avons constaté une augmentation significative des activités en personne », a-t-elle souligné.

Malgré la croissance des restaurants et des évènements sportifs, l’économiste Stephen Brown, de Capital Economics, a noté que le secteur des arts et du divertissement était inférieur de 20 % à ses niveaux d’avant la pandémie, et que les services d’hébergement et de restauration restaient encore loin de leur niveau de février 2020.

La Banque du Canada a averti la semaine dernière qu’elle s’attendait à ce que le variant Omicron freine les dépenses au premier trimestre et ralentisse la croissance à un taux annualisé d’environ 2,0 %.

Quelle que soit la croissance économique que le pays perdra au premier trimestre, celle-ci sera repoussée au deuxième trimestre de 2022, a estimé Mme Nguyen.

Même s’il s’attend à une contraction en janvier, Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, a indiqué croire que la banque centrale s’attardera à la forte performance de la fin 2021 et ira de l’avant avec une première hausse de son taux d’intérêt directeur en mars.