(Ottawa) Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, veut battre le fer pendant qu’il est très chaud dans le dossier de la lutte contre les changements climatiques.

Tandis que la COP26 se poursuit à Glasgow, le ministre Champagne effectue sa toute première visite à l’étranger à Washington, une semaine après avoir été reconduit dans ses fonctions, afin de souligner aux décideurs américains que le Canada et les États-Unis doivent impérativement unir leurs efforts pour accélérer la transition vers une économie plus verte.

Durant sa visite, il compte aussi rappeler l’importance de la chaîne d’approvisionnement nord-américaine, notamment en ce qui a trait à la fabrication de véhicules électriques.

« Sachant ce qui arrive à la COP26, c’est une occasion unique de dire à nos partenaires américains : ‟Soyons ambitieux et saisissons l’opportunité qu’on a d’être les leaders dans le monde dans cette nouvelle économie verte” », a affirmé au bout du fil le ministre Champagne depuis la capitale américaine.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Il faut transformer nos objectifs climatiques ambitieux en opportunité d’affaires pour les gens chez nous.

François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

« Il est important d’examiner comment on peut innover plus ensemble, comment on peut fabriquer plus ensemble et comment on peut vendre plus ensemble dans le reste du monde. Dans une économie qui est intégrée depuis des décennies, évidemment, il faut en faire plus ensemble parce que ça crée de l’emploi, de la croissance et de la prospérité des deux côtés de la frontière », a-t-il analysé.

Des rencontres avec la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, et les sénateurs Tammy Duckworth et Gary Peters étaient à son horaire mardi. M. Champagne devait aussi se rendre à la Maison-Blanche afin d’y rencontrer le conseiller scientifique du président Biden, Eric Lander, et le secrétaire du Conseil national de l’espace, Chirag Parikh.

Éviter le Buy American

Durant son séjour dans la capitale américaine, le ministre veut aussi convaincre les membres de l’administration Biden de larguer les clauses protectionnistes de son plan de relance qui pourraient nuire à la fluidité des échanges commerciaux entre les deux pays.

En plus de la clause Buy American, M. Champagne a en tête les incitatifs financiers envisagés par Washington qui visent à encourager les Américains à acheter des véhicules électriques. Ces incitatifs s’appliqueraient uniquement aux véhicules qui sont entièrement construits aux États-Unis.

Selon M. Champagne, ce genre de mesure doit être écarté, d’autant que le Québec est en train d’établir une filière de calibre mondiale de fabrication de batteries de véhicules électriques.

« C’est problématique », a affirmé le ministre, qui compte aussi se rendre, après son séjour à Washington, au Mexique afin de rencontrer son homologue mexicain. « Il y a un marché nord-américain d’automobiles alors que l’on veut produire plus de véhicules électriques. Si on examine la fameuse feuille de route annoncée par le président Biden et le premier ministre Trudeau, les deux pays veulent travailler ensemble pour réduire l’impact des changements climatiques », a-t-il ajouté, relevant que l’objectif est de produire 120 millions de véhicules électriques en 2030.

« Faisons de l’Amérique du Nord le leader mondial de la production des véhicules électriques et pour ça, il faut travailler ensemble. Mais cette mesure, bien évidemment, serait contraire à l’esprit de cette coopération et elle serait aussi contraire à la lettre et à l’esprit de l’accord de libre-échange de l’Organisation mondiale du commerce », a-t-il fait valoir.

Son objectif premier est de faire en sorte que la frontière canado-américaine, qui sera ouverte totalement dans les deux directions à tous les voyageurs vaccinés le 8 novembre, soit la plus « fluide » possible en matière de commerce.

« Nous devons arrimer les avantages comparatifs qu’on a d’un côté et de l’autre de la frontière, considérant que le marché économique est nord-américain. »